Photojournaliste de profession, le réfugié afghan Abdul Saboor humanise les migrants de Calais

Réfugié en France, devenu photojournaliste, l’Afghan Abdul Saboor raconte les histoires des migrants de Calais.

Publié le |Mis à jour le |Pour information, cet article a été écrit il y a 2 ans.

Il s’appelle Abdul Saboor, il est Afghan et comme des milliers de compatriotes, il a quitté son pays, sa famille, son travail pour fuir les talibans. Pour Abdul Saboor, c’était en 2018, pour d’autres, c’était hier. Aujourd’hui réfugié et photojournaliste, cet exilé s’attache à ces autres qui, comme lui, ont tout laissé derrière eux dans l’espoir dans une vie meilleure, ailleurs.

Dans un portrait que lui consacre France Bleu, on apprend alors que le journaliste a fréquenté les camps de Calais avant de pouvoir clarifier sa situation administrative et obtenir le statut de réfugié. C’est là qu’il documente aujourd’hui en images la vie des personnes en exil.

Sur ces comptes Twitter et Instagram, Abdul Saboor partage ses clichés. Des scènes où la police française détruit les camps, d’autres où l’on voit des manifestants pour les droits humains se faire violenter et, enfin, des visages de ces hommes, ces femmes et ces enfants attendant de pouvoir traverser la frontière, par la mer.

Ce ne sont pas juste des migrants, ils ont un nom, une identité, un pays d’origine. Alors leur histoire doit être racontée, on doit les humaniser autant que les autres êtres humains”, explique-t-il à France Bleu.

Dernièrement, l’une de ces rencontres a été largement plus médiatisée que les autres. « La semaine dernière j’ai rencontré Kazhall et sa famille après l’expulsion de leur campement. Aujourd’hui, j’ai appris leur mort tragique dans le naufrage qui a emporté 27 personnes mercredi dernier. Leurs rêves resteront à jamais perdus entre les deux frontières », a écrit le photojournaliste dans un message publié sur Twitter le 28 novembre dernier.

Kazhall Ahmad avait 46 ans et était kurde. Mère de deux enfants, elle avait été photographiée dans le camp de Grande-Synthe, en banlieue de Dunkerque. “Les enfants avaient l’air tellement heureux, ils voulaient aller en Angleterre et devenir barbier et professeure”, se souvient pour France Bleu Abdul Saboor.

“Je les ai rencontrés quand leur camp a été évacué et qu’ils avaient tout perdu. Après la grande expulsion, elle a commencé à faire du feu pour ses enfants et elle voulait trouver de l’eau”, écrit le photographe sur Instagram. “Quand j’ai rencontré Kazhall, je lui ai dit ‘tu ressembles à ma mère.’

Deux ans pour rejoindre la France

La mère d’Abdul Saboor fait partie de ces femmes qui ont fui l’Afganistan pour s’installer dans le pays voisin, le Pakistan. C’est là que le photojournaliste a passé la majeure partie de son enfance, peut-on lire dans un portrait que lui consacre Human Rights Watch. Grâce à sa pratique de l’anglais, il devient interprète pour l’OTAN et, par conséquent, une cible pour les talibans. “J’ai reçu trois balles et mon cousin a été tué”, raconte-t-il à l’ONG. “Ma mère a dit qu’il était temps pour moi d’y aller.”

Il lui faudra deux années pour rejoindre la France, en passant par l’Iran, la Turquie, la Bulgarie, la Serbie la Croatie, la Solvénie et l’Italie. En Serbie, Abdul Saboor se porte volontaire pour aider en cuisine. C’est là qu’il rencontre une bénévole équipée de caméras. L’homme en exil lui pose quelques questions, il apprend qu’elle est en train de réaliser un documentaire, puis, elle finit par lui donner l’un de ses appareils. Sa vocation est née.

Le travail d’Abdul Saboor a été publié dans différents médias tels que le Times. Il exposera une partie de ses clichés à Paris, le 7 décembre prochain. Plus d’informations à consulter ici.

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