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"Non à la privatisation de l’excellence !": les élèves de Louis-le-Grand et Henri-IV écrivent à Blanquer
Lycée Henri IV.
© Gilles Targat

"Non à la privatisation de l’excellence !": les élèves de Louis-le-Grand et Henri-IV écrivent à Blanquer

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Le collectif d’élèves des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand s'adresse à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation Nationale et Christophe Kerrero, Recteur de la région Île-de-France, au sujet de la réforme d'Affelnet, qui va mettre fin au recrutement sur dossier dans leurs lycées.

Nous, élèves des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand, avons appris contre toute attente la mise en place d’une nouvelle procédure d’admission en classe de seconde.

Cette réforme prétend promouvoir la mixité sociale au sein de nos établissements, en les intégrant au système Affelnet. Elle sélectionnerait les collégiens au moyen d’un algorithme opaque, qui remplacerait les avis du corps enseignant, humain et expert. Les profils des élèves seront réduits aux notes, tandis que les centres d’intérêt ou les appréciations des professeurs de collège ne seront plus pris en compte. Pourtant, ces éléments sont essentiels pour permettre une considération de l’individu au-delà de l’élève, ce qui a toujours été une garantie d’excellence dans de multiples domaines, aussi bien scolaires qu’extra-scolaires.

Diversité dans l’excellence

Les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand affichent déjà une proportion non négligeable de boursiers (environ 14 % dans le secondaire). Ainsi ils représentent un véritable ascenseur social pour leurs élèves, quels que soient leurs secteurs (respectivement 25 % et 40 % de non-Parisiens pour Henri-IV et Louis-le-Grand), leur origine ou la catégorie socio-professionnelle de leurs parents. Cette diversité dans l’excellence permet à chacun de s’épanouir intellectuellement comme socialement.

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Néanmoins la mixité sociale reste à améliorer. Tel est le véritable problème à résoudre. Or la réforme offre une fausse solution à ce vrai problème : elle ne fera qu’inciter les élèves qui peuvent se le permettre à intégrer les lycées privés, tandis que les plus modestes n'auront plus accès à un accompagnement pédagogique d'excellence. Voilà ce que provoquera réellement ce changement : une privatisation de l’enseignement de haut niveau.

Privatisation de l’excellence

Cette volonté soi-disant démocratique de nivellement vers le bas étouffe la réussite. Nous sommes convaincus au contraire qu’il faut amplifier les efforts dans des dispositifs d’émulation et d’aide aux élèves, comme celui déjà en place des Cordées de la Réussite, pour qu’ils développent pleinement leur potentiel. En outre, une instauration de quotas de boursiers pourrait représenter une solution viable pour augmenter la mixité sociale au sein de nos établissements.

Nous regrettons que des décisions aussi importantes sur notre éducation soient prises de manière tout à fait unilatérale, alors que nous sommes ouverts à un dialogue constructif pour rendre le système républicain d’excellence méritocratique encore plus inclusif. Oui au gain de mixité sociale ! Non à la privatisation de l’excellence !

Par le collectif d’élèves des lycées Henri IV et Louis-le-Grand.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne