Plus de 80 % des NFT créés gratuitement sur OpenSea sont frauduleux

Plus de 80 % des NFT créés gratuitement sur OpenSea sont frauduleux
Pixabay

La place de marché de « non fongible tokens » en ligne OpenSea a révélé le 28 janvier que 80 % des NFT créés gratuitement sur sa plateforme sont des œuvres plagiées, des fraudes ou des spams. Une déclaration qui donne la mesure de l’ampleur du problème de vol d’art numérique. 

80%

C’est le pourcentage de NFT frauduleux créés gratuitement qui sont vendus sur l’une des plus grandes places de marché de NFT en ligne, OpenSea. Ce chiffre a été révélé par la plateforme elle-même dans un tweet publié vendredi 28 janvier, en réaction à une controverse lancée la veille.

OpenSea venait tout juste d’annoncer qu’elle limiterait à cinquante le nombre de NFT qu’un utilisateur pourrait créer gratuitement sur la plateforme en utilisant un outil populaire : le « lazy minting ». Ce dernier permet de ne pas payer de frais de services de blockchain au moment de créer un « jeton non-fongible » sur OpenSea – une option attrayante pour les artistes qui n’ont pas assez de fonds pour financer le processus de création de leurs NFT. « Bien que nous disposions déjà de certains outils pour les développeurs et d’un mineur NFT sans code, les utilisateurs devaient payer le gaz [nldr : le gaz est une unité virtuelle présente dans Ethereum permettant d’organiser le paiement des frais de transaction de la blockchain] pour déployer un contrat intelligent, puis payer le gaz pour frapper chaque NFT », explique OpenSea sur son site web. « Le prix du gaz pour frapper un NFT sur n’importe quelle plateforme varie entre 2 dollars les jours calmes et 32 dollars les jours de folie […]. Si vous êtes un artiste créant seulement dix NFT par mois, cela vous aurait coûté environ 100 $ par mois », ajoute OpenSea.

Résultat, lorsque la plateforme a annoncé limiter l’utilisation de cet outil, de nombreux artistes se sont insurgés. « Arrêtons d’utiliser OpenSea comme marché principal pour les NFTs c’est beaucoup trop cher surtout pour les nouveaux artistes. Justes pour initialiser votre portefeuille cela peut vous coûter entre 100$ et 500$ ou plus », s’emporte par exemple un utilisateur sur Twitter. « WTF ?! On pensait qu’ils s’efforceraient d’être PLUS favorables envers les artistes en ce moment, PAS MOINS, avec la perte de NFTS et toute la concurrence naissante […]. @opensea ???!!! Vous accélérez l’exode », proteste un autre.

OpenSea a finalement fait marche arrière en annonçant supprimer cette limite. La plateforme a justifié sa décision dans un thread Twitter. « Chaque décision que nous prenons, nous la prenons en pensant à nos créateurs. Nous avons initialement construit [cet outil] pour faciliter l’embarquement des créateurs dans l’espace. Cependant, nous avons récemment vu l’utilisation abusive de cette fonctionnalité augmenter de manière exponentielle. Plus de 80 % des éléments créés avec cet outil étaient des œuvres plagiées, des fausses collections et du spam », avance OpenSea.

Le vol de NFT devenu monnaie courante

Cette déclaration offre un aperçu de l’ampleur du problème. Et pour cause, le vol de NFT est devenu monnaie courante sur les places de marché de « non fongible tokens » (NFT). Le compte twitter @NFTtheft, avec ses 13 000 abonnés, recense la majorité de ces vols. Le 31 janvier dernier, il repartageait le tweet de l’artiste ToonHexed : « Hey. Mon art a été repris ici. Le gars n’a RIEN mentionné au sujet de les vendre comme NFTs quand nous avons parlé, et a dit que c’était pour lui et sa petite amie … Je suis AU-DELÀ d’énervé. S’il vous plaît, bloquez-le ».

Par ailleurs, certains artistes signalent des problèmes majeurs avec OpenSea, déplorant le parcours du combattant qu’il faut mener pour signaler les œuvres d’art volées. Un artiste en particulier, Muffins & Stitches, a déposé de nombreuses notifications de retrait pour des œuvres d’art volées sur OpenSea, mais n’a reçu qu’un faible soutien de la part de la société. 

Après avoir soumis sa demande, la plateforme a répondu que cela « pourrait prendre jusqu’à une semaine [à résoudre] selon la complexité du problème », laissant l’artiste abasourdi. « Allez-vous me donner une rémunération si quelque chose se vend ? Ou prendre en charge les NFTs et les transmettre à de vrais artistes ? », a-t-il répondu.

Au cœur de ces fraudes et vols, c’est la réglementation du marché des crypto-monnaies qui pose problème. Un no man’s land juridique que l’ancien Procureur général assistant des États-Unis Makan Delrahim enjoint à investir, dans une tribune pour le Wall Street Journal, afin de réduire les escroqueries et de stabiliser les marchés.

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