Le Bénin dépénalise l’avortement : une avancée majeure pour le droit des femmes en Afrique

Une nouvelle loi adoptée au Bénin autorise l’IVG jusqu’à douze semaines. En Afrique, seule une dizaine de pays ont dépénalisé l’avortement.

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L’avortement est désormais légal au Bénin. Jusqu’ici, l’IVG était interdite dans le pays ouest-africain, sauf circonstances exceptionnelles, et près de 200 femmes mouraient chaque année des suites de complications d’un avortement clandestin. Cette nouvelle loi historique marque une avancée majeure pour le droit des femmes, sur un continent où l’accès à l’IVG est encore rare.

Le Bénin a officiellement légalisé le droit à l’avortement. Promulguée le 20 décembre 2021, une nouvelle loi autorise désormais l’interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu’à douze semaines sous certaines conditions. L’avortement doit se faire à la demande de la femme enceinte, « lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale », rapporte Franceinfo.

200 femmes meurent chaque année au Bénin des suites d’un avortement compliqué

Jusqu’ici, l’IVG était interdite au Bénin, sauf lorsque la grossesse était la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse, ou si la vie de la femme était menacée. Le gouvernement béninois estime que 200 femmes mouraient ainsi chaque année, des suites de complications d’un avortement clandestin. La nouvelle loi doit permettre de « soulager les peines de nombreuses femmes qui, face à la détresse d’une grossesse non désirée, se trouvent obligées de mettre leur vie en jeu« , a déclaré le ministre béninois de la Santé Benjamin Hounkpatin, cité par Franceinfo.

L’adoption de cette nouvelle loi historique n’a pas été chose aisée. Le texte a été vivement critiqué, notamment de la part de l’église qui est très influente dans le pays. Dans un communiqué, la Conférence épiscopale du Bénin a affirmé que « la légalisation de l’avortement est la culture de la mort », rapporte Franceinfo.« Il s’agit d’une loi permettant de sauver et de préserver des vies humaines, en l’occurrence celles des femmes des méfaits des avortements clandestins, de la déscolarisation précoce et de l’accroissement de la pauvreté », a commenté, de son côté, le ministre béninois de la Santé.

En Afrique, seule une dizaine de pays a légalisé l’IVG

Le Bénin fait désormais partie du club restreint des pays africains ayant dépénalisé l’avortement. Il rejoint la Tunisie, pays pionnier qui a inscrit le droit à l’IVG dans la loi dès 1973, mais aussi l’Afrique du Sud, l’Angola, la Guinée-Bissau, le Cap-Vert, le Botswana, le Liberia, le Mozambique et la Zambie. L’avortement est en revanche entièrement interdit en Egypte, en Mauritanie, au Sénégal, en Sierra Leone, au Congo et à Madagascar.

En Afrique, les avortements dangereux seraient encore responsables de 13 % de la mortalité maternelle.