Les smartphones sont souvent décriés pour leur empreinte écologique, en raison des matériaux rares qu’ils renferment. Mais, selon une nouvelle étude, menée par l’Ademe et l’Arcep, les équipements les plus impactants pour l’environnement, au-delà du seul critère du changement climatique, ne sont pas les smartphones mais les téléviseurs. Les auteurs insistent sur l’importance d’allonger au maximum la durée de vie de ces équipements et de privilégier, en cas d’achat, le matériel reconditionné.

L’empreinte carbone du numérique commence désormais à être bien connue, mais une nouvelle étude, menée par l’Ademe et par l’Arcep, permet d’aller davantage dans le détail. Les deux organismes ont été missionnés par le gouvernement pour mesurer l’empreinte environnementale, et non plus seulement carbone, du numérique en France. Au-delà du changement climatique, d’autres impacts ont été pris en compte concernant par exemple l’épuisement des ressources énergétiques fossiles, l’acidification, les radiations ionisantes, liés à la consommation énergétique, la production de déchets ou encore l’épuisement des ressources abiotiques (minéraux et métaux).  
Il en ressort que ce sont les terminaux qui génèrent le plus d’impacts, entre 65 % et 90 % selon les critères. Et parmi les terminaux, ce sont les téléviseurs qui arrivent loin devant, en concentrant entre 11 % et 30 % des impacts, notamment en raison du nombre important de matériaux et d’équipements nécessaires à leur fabrication. Viennent ensuite les ordinateurs de bureau, les ordinateurs portables, les smartphones et les tablettes. Nos téléphones, qui concentrent généralement les critiques, ont en effet des impacts un peu plus importants sur le changement climatique que les téléviseurs (14,3 % contre 13,7%) mais sont mieux-disant sur la majorité des autres critères d’évaluation.  
Infog televiseurs impacts numerique

Allonger la durée de vie des équipements est impératif


Si l’on s’intéresse maintenant aux différentes phases du cycle de vie des appareils (fabrication, distribution, utilisation et fin de vie), les résultats montrent que la fabrication est la principale source d’impact pour l’environnement, en raison notamment de la quantité importante d’énergies fossiles nécessaire à leur production et à l’extraction des matériaux et métaux, dans des pays où le mix est généralement fortement carboné, comme en Chine ou aux États-Unis. L’utilisation ne représente “que” 21 % de l’empreinte carbone en raison de la consommation d’électricité qu’elle génère, et les autres phases ont un impact insignifiant comparativement.    
Parmi les pistes possibles pour réduire l’empreinte écologique du numérique, les auteurs de l’étude préconisent donc d’allonger au maximum la durée de vie des équipements “à travers la durabilité des produits, le réemploi, le reconditionnement, l’économie de la fonctionnalité ou la réparation”. Il s’agit aussi de réduire l’acquisition de ces produits, par exemple en limitant le nombre de téléviseurs par foyer, et de privilégier le matériel reconditionné. Pour les smartphones, le choix d’un téléphone reconditionné réduit “l’impact environnemental annuel de 55% à 91% (selon les catégories d’impacts) par rapport à l’utilisation d’un smartphone neuf”, souligne l’Ademe.   
Depuis le 1er janvier dernier, trois lois ciblant l’impact carbone du numérique sont par ailleurs entrées en vigueur. L’Arcep doit ainsi collecter auprès de l’ensemble des acteurs du secteur leur empreinte environnementale. Un observatoire des impacts environnementaux du numérique va également être lancé. Il produira un baromètre en ligne pour aider les utilisateurs à s’orienter vers des choix durables. Enfin, les opérateurs téléphoniques sont tenus de communiquer à leurs abonnés, au moins une fois par mois, la quantité de données qu’ils ont consommé et l’équivalent en émissions de gaz à effet de serre. Si rien n’est fait, d’ici 2040, l’empreinte carbone du numérique pourrait augmenter de 60% !
Concepcion Alvarez @conce1

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