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5000 euros par mois: malgré sa démission de la présidence du RN, Marine Le Pen continue de toucher son indemnité

Election Présidentielle 2022dossier
La candidate d’extrême droite a cédé la présidence du Rassemblement national à Jordan Bardella en septembre. Pourtant, elle continue de toucher l’indemnité afférente. Lui y est à titre bénévole.
par Nicolas Massol et Tristan Berteloot
publié le 4 février 2022 à 12h58
(mis à jour le 4 février 2022 à 14h39)

Elle va peut-être prétendre qu’elle en a «besoin» ? Alors qu’elle n’est plus présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen continue de toucher du parti la généreuse rémunération de 5 000 euros mensuels qui accompagnait son ancienne fonction. Ses indemnités en tant que députée et conseillère départementale du Pas-de-Calais s’élèvent déjà à 8 400 euros brut.

La candidate d’extrême droite a pourtant officiellement quitté le poste pour se lancer dans la campagne présidentielle, à grands coups de «je me mets à la disposition des Français». Cette mise en retrait avait déjà été testée en 2017. Cette étape de sa «normalisation», censée l’emmener en finale de la course à l’Elysée, consiste à mettre en scène sa métamorphose de cheffe de parti d’opposition, nécessairement agressive, à un personnage plus crédible pour diriger le pays. Ainsi «libre» des chaînes idéologiques que l’ex-FN lui aurait imposées pendant des années avec ses vielles antiennes, Le Pen peut mieux lisser son discours en s’affirmant «sereine». Surjouant l’indépendante qui ne doit rien à personne. «Je ne suis plus présidente du RN, vous n’imaginez pas à quel point c’est plus confortable. Je prends mes risques», a-t-elle affirmé il y a peu pour justifier d’être revenue sur la double nationalité, l’un de ses virages doctrinaux de cette stratégie purement électoraliste.

En parallèle, pour rassurer les votants un peu paumés par la chose, Marine Le Pen a filé les clefs du mouvement à Jordan Bardella, idéal dans le rôle du porte-parole rassurant la base sur les fondamentaux frontistes. Le poste de président par intérim est purement esthétique, car Bardella, 26 ans, ne dispose que de peu d’autonomie. Et il est en plus bénévole : «Je ne touche pas 1 euro du Rassemblement national», confirme le bon élève auprès de Libé, lui qui, de toute façon, est déjà payé par le Parlement européen où il est député. La question de sa rémunération comme remplaçant de Marine Le Pen a bien été un sujet à un moment, confirme une source interne dans l’équipe de campagne, mais la candidate a dit niet, affirmant vouloir mettre fin au système interne au RN. Sauf pour elle.

Ainsi, la candidate de «la France des oubliés» aura oublié de réduire son enveloppe, malgré la dette abyssale de sa formation : plus de 20 millions d’euros, en partie due à sa gestion calamiteuse pendant des années, et… au salaire de ses cadres. Ceux-là n’ont pas l’air de s’émouvoir plus que cela de la situation, alors que le parti vient d’obtenir un prêt salutaire pour sa campagne d’une banque hongroise. «Le salaire de Marine Le Pen n’a pas changé, parce que ce sont des dépenses déjà engagées», justifie mollement un cadre du RN. En 2017, quand Marine Le Pen avait augmenté son indemnité de 2 000 euros à 3 000, puis 5 000 euros, elle avait déjà raconté qu’il s’agit d’un «remboursement forfaitaire de frais». A quel titre le touche-t-elle encore aujourd’hui et pourquoi Jordan Bardella n’y a pas droit ? Mystère. Marine Le Pen n’a pas répondu à nos questions.

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