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BioNtech devient multimilliardaire grâce au covid

Alors qu'elle faisait encore des pertes en 2019, la biotech allemande, pionnière de l'ARN messager, a réalisé un bénéfice de 10 milliards de francs en 2021. Outre-Rhin, les économistes estiment qu'elle a contribué pour environ 0,5% à la croissance nationale l'an dernier

L'Université d'Oxford, inventeur d'un vaccin contre le Covid-19 a exigé qu'il soit largement accessible dans le monde auprès de son partenaire AstraZeneca. Tous les fabricants de vaccins n'ont pas cette même stratégie. — © JOEL SAGET / AFP
L'Université d'Oxford, inventeur d'un vaccin contre le Covid-19 a exigé qu'il soit largement accessible dans le monde auprès de son partenaire AstraZeneca. Tous les fabricants de vaccins n'ont pas cette même stratégie. — © JOEL SAGET / AFP

La crise sanitaire génère une explosion des ventes parmi les fabricants de vaccins ou autres tests mais aussi tout un lot de critiques. Le modèle d'affaires qui prévaut dans la pharma sortira-t-il intact de la pandémie? Gros plans, au jour le jour, sur ce front débattu.

30 mars

Le bénéfice de BioNtech passe de 15 millions à 10 milliards d'euros

A l'origine du premier vaccin à ARN messager contre le Covid-19 avec Pfizer, le laboratoire pharmaceutique allemand BioNTech a été porté par la pandémie de covid en 2021. Son chiffre d'affaires a atteint 19 milliards de francs sur l'année, contre 482 millions en 2020. Le bénéfice s'établit à quelque 10 milliards contre... 15 millions un an plus tôt.

Patron de l'entreprise, le médecin Ugur Sahin a affirmé à l'occasion de la publication de ses résultats annuels son intention de «s'appuyer sur ce succès pour rapidement avancer sur plusieurs programmes» de recherche, dont de nouveaux vaccins contre la grippe ou des thérapies pour le cancer. La jeune entreprise avait encore enregistré en 2019 une perte de quelque 180 millions d'euros.

Au total 3,1 milliards de doses ont été livrées par le laboratoire basé à Mayence, devenu un acteur majeur de l'industrie pharmaceutique. L'année dernière uniquement, 2,6 milliards de doses du sérum ont été distribuées, "dont plus d'un milliard" aux pays les plus pauvres, selon le communiqué de BioNTech.

L'entreprise compte investir entre 1,4 et 1,5 milliard de francs dans la recherche et le développement cette année, soit 50% de plus qu'en 2021, avec une progression encore attendue dans les années suivantes.

Le laboratoire allemand travaille notamment sur des vaccins contre le paludisme, le zona, la tuberculose et certains cancers. BioNTech s'attend pour 2022 à des revenus entre 13 et 17 milliards de francs liés au vaccin anti-Covid.

24 février

Les ventes de vaccins rapportent 17 milliards à Moderna en 2021

En 2021, la société pharmaceutique américaine a dégagé un chiffre d'affaires de 18,5 milliards de dollars (près de 17,2 milliards de francs), dont 17,7 milliards liés à la vente de 807 millions de doses de vaccins. Déficitaire depuis sa création en 2010 jusqu'en 2020, Moderna a dégagé un bénéfice net de 12,2 milliards de dollars l'an dernier.

Son vaccin à deux doses avait été autorisé en urgence en décembre 2020 aux Etats-Unis avant de recevoir le feu vert dans plus de 70 autres pays. Il a été pleinement approuvé par l'agence américaine du médicament fin janvier pour les personnes à partir de 18 ans.

Moderna a déjà reçu des commandes pour 19 milliards de dollars de son vaccin contre le Covid-19 en 2022 et des options pour environ 3 milliards de dollars supplémentaires, selon un communiqué diffusé jeudi.

10 février

Le vaccin d'Astrazeneca dégage désormais des bénéfices

Le vaccin anti-covid du groupe pharmaceutique britannique suédo-britannique Astrazeneca a rapporté 2,5 milliards de dollars en 2021, selon les résultats publiés ce jeudi. «Nous avons tenu notre promesse d'un accès large à notre vaccin contre le Covid-19 dans le monde», s'est félicité le directeur général Pascal Soriot. Le laboratoire, qui a d'abord vendu son vaccin contre le coronavirus au prix de revient, contrairement à ses rivaux, avait indiqué en novembre qu'il commencerait à dégager des bénéfices sur les recettes du sérum.

Mais dans l'ensemble, le groupe a enregistré un bénéfice en forte chute pour son exercice 2021 notamment à cause de l'achat coûteux d'Alexion et d'autres charges, et malgré un bond des recettes en pleine pandémie. Le bénéfice net est ressorti à 112 millions de dollars pour 2021 contre 3,2 milliards un an plus tôt, tandis que le chiffre d'affaires a grimpé à 37,4 milliards de dollars (+41%), bénéficiant notamment des ventes de vaccins contre le Covid-19.

8 février

■ Pfizer surfe sur les vagues de la pandémie

La firme pharmaceutique américaine a vu son bénéfice net plus que doubler en 2021, pour atteindre un montant de 22 milliards de dollars, annonce-t-elle ce mardi. La vente de vaccins à ARN messager a généré un chiffre d'affaires de 36,8 milliards de dollars. C'est une alliance avec la société allemande Biontech qui lui a permis de mettre rapidement sur le marché une solution basée sur cette nouvelle technologie, également maîtrisée par l'ancienne start-up Moderna.

Le groupe s'attend à un léger repli des recettes dans ce segment cette année, à 32 milliards de dollars (29,5 milliards de francs). Commercialisé depuis quelques semaines, l'antiviral Paxlovid devrait toutefois également gonfler ses revenus. Les dirigeants de la multinationale misent sur des rentrées de 22 milliards de dollars de cette pilule anti-covid, autorisée fin janvier dans l'Union européenne. Une demande d'autorisation a été déposée en Suisse le 18 janvier dernier.

Alors que son prix avait chuté à un peu moins de 28 dollars en mars 2020, l'action Pfizer s'échange actuellement à 53 dollars. Grand gagnant économique de la pandémie, le groupe affiche aujourd'hui une capitalisation boursière de 299 milliards de dollars. Celle de Roche atteint actuellement un niveau de 328 milliards de dollars (303 milliards de francs), celle de Novartis 213 milliards (197 milliards de francs.)

3 février

■ Roche a carburé aux tests Covid l'an dernier

Le géant rhénan des médicaments et outils de diagnostic Roche a engrangé l'an dernier un chiffre d'affaires de 62,81 milliards de francs, en hausse de 7,9%. La performance a une nouvelle fois été mûe par la division Diagnostics, dont la contribution a bondi de près d'un tiers sur un an. Les ventes de tests pour le dépistage du Covid-19 se sont montées, à elles seules, à 4,7 milliards de francs,

La rentabilité a progressé de manière moins marquée, l'excédent d'exploitation (Ebit) de base s'étant enrobé de 1,7% à 21,90 milliards. Le conseil d'administration proposera aux actionnaires un dividende agrémenté de 20 centimes à 9,10 francs, détaille le compte-rendu diffusé jeudi.

En 2022, les revenus de la franchise Covid-19 risquent de s'affaisser de 2 milliards, pour générer environ 5 milliards de francs. Le phénomène ne constitue toutefois pas une source d'inquiétudes pour le géant rhénan. «La franchise Covid est moins rentable que le reste de nos activités», a précisé en conférence de presse le directeur général (CEO) Severin Schwan.

■ L'anti-Covid molnupiravir de Merck dope les ventes fin 2021

Le laboratoire américain Merck a annoncé jeudi avoir vendu pour 952 millions de dollars (876 millions de francs) de son traitement anti-Covid molnupiravir au quatrième trimestre. Il prévoit d'en écouler 5 à 6 milliards de dollars cette année.

La pilule, développée en partenariat avec Ridgeback, a reçu en premier le feu vert des autorités du Royaume-Uni, début novembre, puis des États-Unis et du Japon, fin décembre. Le médicament de laboratoire, connu sous le nom MSD en dehors de l'Amérique du Nord, a depuis obtenu les autorisations d'autres autorités.

Dans les prochains jours, Merck aura expédié plus de 4 millions de traitements dans plus de 25 pays, dont environ 3 millions aux États-Unis, souligne le groupe dans un communiqué.

26 janvier

■ Lonza voit ses ventes grimper de 20% en 2021 

Le groupe suisse Lonza, un des fournisseurs de Moderna pour les composants de ses vaccins, a fait état d'une hausse de 20% de son chiffre d'affaires en 2021, porté par son recentrage sur ses activités pharmaceutiques.

Pour l'année écoulée, ses ventes pour les activités conservées en portefeuille se sont montées à 5,4 milliards de francs suisses (5,2 milliards d'euros), indique-t-il dans un communiqué, dépassant les prévisions des analystes.

Son bénéfice net a en revanche fléchi de 7,5% à 677 millions de francs suisses, au terme d'une année marquée par d'importants investissements pour augmenter ses capacités de production.

Le groupe compte lancer prochainement une nouvelle ligne de production pour le vaccin à ARN-messager du laboratoire américain Moderna dans son usine de Viège (VS) avec pour objectif de doubler la production.

25 janvier

C'est l'heure de la publication des résultats 2021 d'entreprise, notamment des fabricants de vaccins contre le Covid-19. Les bénéfices attendus ne vont pas manquer de susciter la polémique. D'autant plus que certains d'entre eux montreront des bénéfices mirobolants alors même que l'opacité règne autour des aides publiques, des coûts de production et des prix de vaccins. Cela fait des mois que les ONG appellent à la transparence.

La plus grande campagne de vaccination de l'histoire avait démarré en 2020 et pas moins de 14 vaccins ont été homologués par l'Organisation mondiale de la santé et mis sur le marché par 8 entreprises. Le Temps décortique leurs stratégies qui ne sont pas les mêmes.

Lire notre article sur le sujet: L’heure des comptes pour les producteurs de vaccins

21 janvier

Une belle année 2022 en perspective pour les producteurs des vaccins

La campagne mondiale de vaccination contre le Covid-19, la plus grande de l'histoire, ne se terminera pas de si tôt. Selon Airfinity, une entreprise spécialisée dans la collecte et dissémination des données dans le domaine de la santé, le marché mondial des vaccins devrait croître de 29% pour atteindre 84,9 milliards de dollars en 2022. Au total, la demande mondiale devrait s'élever à 9 milliards de doses. Et ce chiffre ne tient pas compte des vaccins chinois. Les producteurs occidentaux Pfizer, Moderna et autres AstraZeneca vont gagner des parts de marché dans les pays à revenu faible et intermédiaire où le taux de vaccination est encore faible.

Lire notre article sur le sujet: L’année 2022 s’annonce prospère pour les producteurs de vaccins anti-covid

20 janvier

■ Galenica fait décoller ses ventes annuelles

Le groupe de santé Galenica a bénéficié d'une forte progression des ventes en 2021, portée par l'ensemble de ses segments d'activité et notamment la demande pour les produits liés au Covid-19. L'entreprise bernoise a du coup relevé ses projections de résultat opérationnel pour 2021, a-t-elle annoncé jeudi. Elle a publié des ventes nettes consolidées de 3,834 milliards de francs, 10,2% de plus contre les 3,479 de 2020 (qui étaient 5,4% plus élevées que les 3,301 milliards de 2019, l'année avant la pandémie).

Lire:  Les tests covid ont enrichi les pharmacies

L'entreprise dit avoir bénéficié des ventes additionnelles (+3,1%) liées à la pandémie, de même que des médicaments contre des maladies saisonnières comme la grippe. Son réseau de pharmacies en Suisse (exploité sous les marques Amavita, Sun Store et Coop Vitality notamment) est composé de 368 succursales.

Lire aussi: La Suisse intransigeante sur les brevets

■ Forte croissance des retours sur investissements dans la pharma

L'industrie pharmaceutique a apporté une contribution significative à la lutte contre le Covid et a généré des rendements appelés à être une forte hausse en 2021. C'est ce que révèle une analyse annuelle menée par Deloitte et portant sur vingt des principales sociétés pharmaceutiques, dont les Suisses Roche et Novartis. Le cabinet de conseil anticipe des retours sur investissements de R&D de 7% en 2021, contre 2,7% l'année précédente.

Lire aussi:  «Lighthouse» ou comment Patrick Aebischer veut faire de la Suisse un pôle à vaccins

■ «La pharma doit faire des profits, mais pas des mégaprofits»

La pandémie a révélé des lacunes dans les rapports entre l'économie et la santé. Selon la professeure Mariana Mazzucato, les politiques en place fonctionnent davantage au service de la Big Pharma qui veut maximiser les profits alors qu'elles devraient être au service des populations. Notre entretien avec la spécialiste américano-italienne.

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