Eric Zemmour a affirmé mercredi qu'à Paris, "75% des agressions sexuelles dans les transports en commun sont le fait d'étrangers".C'est légèrement surévalué, puisqu'en réalité, les étrangers représentent 63% des auteurs de violences sexuelles dans les transports.Ce chiffre ne peut cependant pas être généralisé à la France entière.
En meeting, comme à la télévision, Eric Zemmour déroule ses sujets de prédilection. Le 9 février, sur BFMTV, le candidat à la présidentielle a notamment été interrogé au sujet des violences faites aux femmes. Se plaçant comme le candidat qui les protège, il a alors rétorqué que l'arrêt de l'immigration permettrait de limiter ce type de délits. Preuve pour lui, "aujourd'hui, dans les transports en commun, 75% des agressions sexuelles sont le fait d'étrangers", comme il est écrit dans un tweet de l'antenne. Qu'en est-il réellement ?
75% des vols sans violence
Le tweet, relayé en masse par les militants d'Eric Zemmour, est trompeur. À propos des plaintes pour harcèlement ou agressions sexuelles classées sans suite, le candidat de "Reconquête !" a en effet promis "d'expulser tous les violeurs étrangers", en prenant en exemple les violences dans les transports. En France, c'est le service Interstats, rattaché au ministère de l'Intérieur, qui produit des statistiques publiques sur l'insécurité et la délinquance. Le 29 juin dernier, ce service a publié une analyse portant sur les seuls "vols et violences dans les réseaux de transports en commun en 2019". Selon cet état des lieux, en France, 32% des violences sexuelles étaient le fait d'une autre nationalité que la française.
Ceci dit, au début de sa démonstration, Eric Zemmour a précisé que son chiffre portait sur les seuls transports en Île-de-France. Un renseignement qui n'apparaissait pas sur Twitter. Reste que, même en se concentrant sur la capitale, son argument est faux. Les étrangers sont effectivement surreprésentés dans les violences sexuelles, mais pas dans les proportions avancées. Selon les données de l'Intérieur, en Ile-de-France, 63% des violences sexuelles étaient le fait d'une autre nationalité que la française. En tout, un tiers des personnes mises en cause pour violences sexuelles venaient du Maghreb ou d'un pays africain.
Un contexte particulier
Par contre, il est vrai que les personnes de nationalité étrangère représentent bel et bien 73% des vols sans violence. Une surreprésentation justifiée par une autre information : l’âge des fauteurs de trouble. Ainsi, près d'un mis en cause de nationalité étrangère sur deux dans les transports en commun est mineur. Une délinquance qui "serait à mettre en relation avec l'existence de bandes organisées" qui exploiterait ces enfants, selon l'analyse du ministère de l'Intérieur. Par ailleurs, le rapport souligne que la nationalité du mis en cause n'est pas une donnée parfaitement fiable, l’identité ne pouvant être systématiquement vérifiée par les services de sécurité.
Enfin, il faut souligner que la statistique du nombre de violences sexuelles commises dans les transports de la capitale ne peut être généralisée par le phénomène des agressions sexuelles au niveau du pays, car il concerne un contexte particulier. Les chiffres ne sont en effet pas corroborés par les statistiques nationales. Selon le ministère de l'Intérieur, on comptait en 2020 14% de personnes de nationalité étrangère parmi les mis en cause dans des affaires de violences sexuelles.
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