Aux États-Unis, la riposte face à la censure de livres s’organise

Après l’interdiction d’œuvres comme “Maus” ou “La Servante écarlate” dans des écoles et bibliothèques, la plateforme Scribd a rendu gratuit leur accès pendant trente jours. D’autres initiatives visent à contrecarrer l’action des conservateurs.

Un comté du Tennessee a interdit la BD « Maus » dans les bibliothèques scolaires.

Un comté du Tennessee a interdit la BD « Maus » dans les bibliothèques scolaires. Photo MARO SIRANOSIAN / AFP

Par Alexis Buisson

Publié le 10 février 2022 à 18h50

Maus, L’Œil le plus bleu, La Servante écarlate, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur… La liste des chefs-d’œuvre de la littérature contemporaine qui ont été interdits ces derniers mois dans certaines écoles et bibliothèques américaines sous la pression de lobbies conservateurs ne cesse de s’allonger. L’Association des bibliothèques américaines révèle ainsi avoir répertorié trois cent trente cas d’interdiction à l’automne dernier. Raison de plus… pour les rendre facilement accessibles. C’est, en tout cas, ce qui a convaincu la plateforme d’e-books Scribd de mettre à disposition pendant trente jours gratuitement tous les ouvrages bannis récemment à travers les États-Unis. « Notre objectif est de nous assurer que chacun a la liberté de lire des livres, y compris ceux qui sont interdits », peut-on lire sur la plateforme de celle que l’on surnomme le « Netflix du livre ».

Cette décision s’inscrit dans le cadre de nombreuses initiatives, individuelles et nationales, visant à contrer la fronde conservatrice contre les livres qu’ils considèrent comme dérangeants, menée depuis le départ de Donald Trump par des élus et des parents parfois très organisés et bien financés. Scribd est en effet loin d’être la seule à être entrée en résistance. Des organisations littéraires importantes, comme The Authors Guild et PEN America, ont elles aussi riposté par des opérations de mobilisation des auteurs et du grand public. En Pennsylvanie, un lycéen a lancé un « club de lecture de livres interdits ».

850 livres dans le collimateur des Républicains

Et à Saint-Louis (Missouri), une mère a noué un partenariat avec une librairie locale pour faire parvenir gratuitement à qui le veut ces ouvrages controversés. Dans le même temps, les ventes de Maus, le roman graphique d’Art Spiegelman sur l’Holocauste, banni en janvier du programme de quatrième dans un comté du Tennessee pour cause de nudité et d’insultes, ont bondi de 753 % depuis le début du mois aux États-Unis. « C’est ridicule de vouloir retirer des livres des établissements scolaires », s’exclame Alex Heymann, une lycéenne militante antiraciste au Texas, où quelque 850 livres sont dans le collimateur des législateurs républicains. « L’homosexualité, le racisme… Ces sujets sont partout dans notre quotidien. On a accès à Internet sur nos téléphones ! Il est impossible de les passer sous silence. »

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