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TRIBUNE. L'alerte de Gaël Perdriau : « L'union des droites vise la suppression de l’État de droit »

Dans un texte que publie le JDD, Gaël Perdriau, le maire LR de Saint-Etienne, réclame une « clarification » de la part de Valérie Pécresse, la candidate de son parti, dans l'espoir qu'elle condamne l'idée d'« union des droites ». 

Gaël Perdriau , Mis à jour le
Gaël Perdriau, le maire LR de Saint-Etienne.
Gaël Perdriau, le maire LR de Saint-Etienne. © AFP

Voici la tribune de Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Etienne et président de Saint-Etienne Métropole : « L’État de droit est une organisation politique de la société dans laquelle tout détenteur du pouvoir de contraindre et de produire des normes, législatives ou réglementaires, est lui-même soumis au règne du droit, au même titre que l'ensemble des individus qui composent la société. Il revient à Léon Duguit d'avoir montré que l’État, incarnation de la souveraineté, ne peut à la fois être celui qui produit du droit et décide de s'y soustraire. Aussi, se plaît-il à évoquer un « état de conscience » du législateur qui créé des normes, obéissant à une hiérarchie stricte, permettant de répondre à la fois au besoin de sociabilité et à l'aspiration naturelle pour la justice.

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On comprend aisément que ce principe soit, pour tous ceux qui placent la souveraineté de l’État au dessus de toute autre considération, une entrave dangereuse, par la recherche de l'équilibre des droits et devoirs entre individu et l’État, à la toute puissance du « Léviathan » cher à Hobbes.

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Eric Zemmour en assurant vouloir limiter, voire démanteler, les pouvoirs reconnus au Conseil Constitutionnel, au Conseil d’État et à la Cour de Cassation ne vise rien d'autre que annihilation pure et simple des fondements mêmes de l’État de droit. Tout comme le fit, naguère, l’État français de Vichy, le modèle de société est celui d'un individu seul face à l'arbitraire de l’État. A la vision juridique et politique de la société, il substitue, de manière brutale, une vision organiciste où l'individu appartient, par son identité, à un « tout » auquel il se soumet comme la cellule ne peut s'affranchir du corps auquel elle appartient.

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La démagogie populiste est une maladie génétique de la démocratie

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Cette vision a d'autant plus de chances de rencontrer un écho favorable que la société française, par son évolution néolibérale, est de plus en plus fragmentée. Ainsi, l'utilité de l'individu est placée au centre de toute action de préférence à l'expression de la solidarité, créant ainsi les conditions du malaise social dont le mouvement des Gilets Jaunes n'a été, en définitive, qu'une forme d'expression.

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Le polémiste d'extrême-droite tire ainsi sa force de cet affaiblissement général du corps social qui a fini par contaminer la représentation politique de la Nation. Avec un cynisme planifié, Eric Zemmour propose aux Français, afin de les souder, un supposé ennemi commun : l'immigration source de tous les maux. Un discours qui trouve un terreau largement fertilisé par le Rassemblement National qui n'a de cesse, depuis des décennies, de dénoncer l'immigration, en la présentant comme le fléau, responsable du désarroi social de nos concitoyens.

Une démocratie doit accepter, pour rester fidèle à ses principes, que ce type de discours soit possible. La démagogie populiste est, à ce titre, une maladie génétique de la démocratie et il suffit de voir, pour s'en convaincre, que toutes les grandes démocraties contemporaines souffrent de ce mal. La France ne fait pas exception à cette règle.

 

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Valérie Pécresse doit impérativement procéder à une clarification

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Pour autant, le danger se trouve dans le pouvoir viral, pour reprendre une expression devenue, hélas, à la mode, d'Eric Zemmour. Ainsi, jusque dans les rangs de ma famille politique, héritière des traditions et cultures gaulliste, libérale et chrétienne-démocrate, il se trouve des élus pour revendiquer une proximité idéologique avec ce leader d'extrême-droite. Est-il normal qu'Eric Ciotti joue un rôle dans cette campagne quand bien même sa ligne politique a été défaite ? Est-il logique qu'un François-Xavier Bellamy affirme, sur France Inter le 3 octobre 2021, que « nos électeurs doutent de notre capacité à dire des choses comme Eric Zemmour » ?

Pourquoi un tel silence face à des prises de position qui appellent des clarifications au nom des principes que nous défendons depuis toujours ? Valérie Pécresse doit impérativement procéder à cette clarification car sa responsabilité est historique. En se taisant elle cautionne cette évolution, qui n'a rien d'inéluctable, vers une « union des droites » cachant, en réalité, des idées nauséabondes ne visant que la limitation drastique, voire la suppression, de l'Etat de droit.

Saura-t-elle faire mentir Ella Wheeler Wilcox, poétesse américaine, qui écrit : « C'est en gardant le silence, alors qu'ils devraient protester, que les hommes deviennent des lâches » ? »

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