L'homme incontournable de la présidence Sarkozy, âgé de 77 ans, encourt ainsi jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. Celui qui fut aussi préfet et directeur général de la police nationale doit également comparaître devant le tribunal correctionnel pour "financement illicite" de campagne.
Toutefois, ce procès, prévu sur deux jours, pourrait être renvoyé pour raisons médicales. La santé déjà fragile de Claude Guéant a été "considérablement aggravée par le choc carcéral", a indiqué à l'AFP son avocat Philippe Bouchez El Ghozi.
Claude Guéant vient tout juste de sortir de prison, après deux mois passés à la Santé à Paris.
Remis en liberté conditionnelle mercredi, il avait été placé en détention le 13 décembre, une incarcération qui constituait une première pour un ex-locataire de Beauvau: la justice avait estimé qu'il ne faisait pas les efforts nécessaires pour s'acquitter des sommes qu'il avait été condamné à payer, en 2017, dans l'affaire des primes en liquide du ministère de l'Intérieur.
"Aucun préjudice"
L'affaire du tract remonte, elle, au 3 janvier 2012, lorsque Pierre-Christophe Baguet, maire UMP (devenu LR depuis) de Boulogne-Billancourt et député sortant des Hauts-de-Seine, avait annoncé soutenir Claude Guéant pour lui succéder à l'Assemblée nationale.
Dans une lettre à ses administrés, l'élu avait détaillé les raisons de son appui au ministre de l'Intérieur. Et aussi joint sa déclaration de candidature. "On ne peut rêver meilleur candidat pour notre ville", écrivait-il.
Cette lettre avait été signalée par Thierry Solère, candidat UMP dissident - et victorieux - qui soupçonnait M. Baguet de l'avoir financée pour partie avec l'argent de la municipalité. L'enquête, ouverte en février 2014, avait été confiée à un juge d'instruction en mai 2017.
Dans ce dossier, l'accusation reproche à M. Baguet et M. Guéant d'avoir cherché à faire financer par la ville de Boulogne-Billancourt des dépenses de propagande électorale au soutien de la candidature de Claude Guéant. Ce que contestent formellement les deux prévenus.
Boulogne-Billancourt n'a "subi aucun préjudice", a assuré à l'AFP l'avocat du maire, Me Mario Stasi. L'édile reconnaît "une erreur" mais affirme qu'il pensait pouvoir prendre en charge "personnellement" la facture et qu'il a ensuite été décidé que ce serait l'UMP, poursuit son conseil.
M. Baguet encourt jusqu'à un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende pour "financement illicite" de campagne.
De son côté, l'avocat de M. Guéant note que la Commission nationale des comptes de campagne "a eu pleinement connaissance" de la situation. "Où est l'escroquerie, à partir du moment où la Commission savait?", s'indigne-t-il.
Un autre volet de l'affaire concerne le délit de favoritisme, pour lequel trois personnes comparaissent - deux employées de la mairie et le gérant d'une imprimerie - ainsi que l'imprimerie en tant que personne morale. Au cours de leurs investigations, les enquêteurs ont en effet estimé que cette imprimerie se voyait attribuer plus de commandes publiques que prévu et que son gérant avait pris en charge une partie de la facture de l'impression de la lettre, ce qui constituerait un don.
En ce qui concerne l'ex-ministre de l'Intérieur, outre ce procès, les péripéties judiciaires continuent. M. Guéant doit être rejugé dans le dossier des sondages de l'Elysée, après avoir fait appel de sa condamnation, le 21 janvier, à un an d'emprisonnement - dont huit mois ferme - pour favoritisme.
Il reste également mis en examen dans l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
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