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Cuba: la dirigeante du mouvement des Dames en blanc, Berta Soler, et son mari arrêtés

Les Dames en blanc entrent dans des églises, leur manière de manifester dans un pays où toute forme de protestation est réprimée

Le Paseo del Prado à la Havane, à Cuba, mercredi 26 janvier 2022. — © Ismael Francisco / keystone-sda.ch
Le Paseo del Prado à la Havane, à Cuba, mercredi 26 janvier 2022. — © Ismael Francisco / keystone-sda.ch

Berta Soler, dirigeante du mouvement dissident cubain Damas de Blanco (les Dames en blanc), et son mari Angel Moya, ont été brièvement arrêtés dimanche en sortant de leur maison, également siège du mouvement, alors qu’ils se préparaient à gagner une église de La Havane pour manifester.

«Ils l’ont relâchée à 19h20 et lui à 19h25», a déclaré Marta Beatriz Roque, militante en faveur des droits fondamentaux et seule femme emprisonnée à la suite du «printemps noir» de 2003.

Berta Soler avait été auparavant conduite à l’hôpital, où un médecin de garde lui a fait un certificat médical confirmant son absence de blessures. Il y a une semaine, lors d’une arrestation similaire, «ils ont beaucoup frappé [son mari Angel] Moya et ils avaient porté plainte», a expliqué la militante.

Protester contre la détention des manifestants du 11 juillet

Neuf autres membres de cette organisation sont parvenus dimanche à entrer dans des églises, manière pour eux de manifester à Cuba où toute forme de protestation est réprimée.

Berta Soler et son mari, lui-même un des 75 prisonniers politiques arrêtés en 2003, voulaient par ce geste protester contre la détention des participants au mouvement de protestation du 11 juillet et en souvenir de la naissance de Laura Pollán, une autre «Dame en blanc» décédée en 2011. Mais, «pour la première fois neuf Dames en blanc sont arrivées dans différentes églises», lors de cette nouvelle journée de manifestations, a également affirmé Marta Beatriz Roque.

Le 23 janvier dernier, Berta Soler et deux autres membres de son mouvement avaient déjà été arrêtés alors qu’elles se préparaient à aller à l’église de Santa Rita à La Havane, avant d’être libérées quelques heures plus tard.

Des centaines de personnes inculpées pour avoir manifesté

Plusieurs mères et proches de manifestants arrêtés après les manifestations du 11 juillet se sont rapprochés du mouvement dissident des Dames en blanc.

Lire encore: Manifestations inédites à Cuba pour protester contre le gouvernement

Aux cris de «liberté» et «nous avons faim», des milliers de personnes avaient manifesté le 11 juillet dans près de 50 villes cubaines. Une personne avait été tuée et des dizaines blessées au cours de ces manifestations. Selon le gouvernement, à la fin du mois de janvier, 790 personnes, dont 55 mineurs de moins de 18 ans, avaient été inculpées et 172 autres condamnées.

L’ambassade des Etats-Unis a protesté, dimanche, contre ces poursuites judiciaires à l’encontre de mineurs. «Est-ce qu’un enfant de 16 ans peut comprendre ce que signifie le concept de sédition au point d’en être accusé?», s’est interrogée l’ambassade sur son compte Twitter.

L’opposition n’est pas légale à Cuba et les dissidents, arrêtés fréquemment pour de courtes périodes de temps, sont considérés par le régime communiste comme des mercenaires à la solde des Etats-Unis.