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La Suisse bannit la publicité pour le tabac partout où les mineurs ont accès

Lors d'un vote, ce dimanche, 57% des Suisses ont dit oui à l'initiative anti-tabac. Le pays alpin est l'un des derniers pays au monde, avec les États-Unis, à ne pas avoir ratifié la convention anti-tabac de l'OMS.

Une affiche de campagne pour le référendum contre le tabac à Lausanne, le 8 février 2022.
Une affiche de campagne pour le référendum contre le tabac à Lausanne, le 8 février 2022. AFP - VALENTIN FLAURAUD
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La publicité pour le tabac sera désormais interdite dans la presse, au cinéma, dans la rue et même sur internet, nouveau terrain de jeu des grands groupes cigarettiers, très influents en Suisse.

Le résultat du vote de ce dimanche est un camouflet pour les industriels et la droite qui estimait que le texte allait à l'encontre de la liberté économique, explique notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche. Mais c'est aussi un revers pour le gouvernement, qui privilégiait une loi anti-tabac beaucoup plus permissive dans le domaine de la publicité sur le tabac, notamment en raison du très fort lobbying des plus grands cigarettiers du monde, qui y ont leur siège.

Des arguments qui n'ont donc pas convaincu les électeurs alors que la Suisse est régulièrement pointée du doigt pour sa législation anti-tabac parmi les plus souples des pays développés.

Jusqu'à présent seules les publicités à la radio et à la télévision et celles qui visent spécifiquement des mineurs sont bannies. Certains cantons avaient déjà durci leurs règles et une nouvelle loi devait entrer en vigueur en 2023. Mais les groupes de lutte contre le tabagisme ont estimé qu'une action beaucoup plus décisive était nécessaire pour protéger les jeunes et ont lancé ce référendum. Une initiative soutenue par la gauche et les associations de médecins. 

« La liberté individuelle est sur une pente glissante »

Les opposants à l'interdiction de la publicité estiment quant à eux que l'initiative va trop loin. Certains ont dénoncé la tendance hygiéniste qui envahit nos sociétés. « On parle aujourd'hui de la cigarette, on parlera de l'alcool, de la viande. Cela m'énerve de vivre dans une société où on veut cette dictature du politiquement correct où tout doit être réglé », a réagi dimanche Philippe Bauer, membre de la chambre haute suisse (parti Libéral-radical), auprès de la télévision suisse publique RTS.

Ses préoccupations font écho à celles de Philip Morris International (PMI), le numéro un mondial du secteur, qui, comme British American Tobacco et Japan Tobacco, a son siège en Suisse et a contribué à financer la campagne du « non ». « La liberté individuelle est sur une pente glissante », a indiqué à l'AFP un porte-parole du cigarettier, exhortant les autorités à s'assurer que la publicité destinée aux adultes reste autorisée.

Une personne sur quatre fume

Avec ce « oui », la Suisse rentre dans le rang de la lutte contre le tabagisme. Le pays est l'un des derniers pays au monde, avec les États-Unis, à ne pas avoir ratifié la convention anti-tabac de l'OMS. Il devrait désormais pouvoir la valider comme l'ont déjà fait la quasi-totalité des pays, y compris des États comme la Syrie et la Corée du Nord. 

Avec environ une personne sur quatre qui fume, le pays alpin paie un lourd tribut au tabagisme : 9 500 décès par an liés au tabagisme, pour une population de 8,6 millions d'habitants.

Le ministre de la Santé suisse a expliqué que la loi sur l'interdiction de la publicité sur le tabac ne devrait pas entrer en vigueur cette année. Les mêmes règles s'appliqueront à la cigarette électronique.

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