Maziar Bahari est bien placé pour savoir combien il est difficile d’essayer de sensibiliser ses compatriotes iraniens à la Shoah. “J’ai grandi en Iran dans les années 1960, dans une famille très politisée. Je suis parti et j’ai échappé à l’endoctrinement”, explique le journaliste, réalisateur et militant des droits de l’homme irano-canadien. “Mais dans la génération née après la révolution islamique, il y a des gens qui ne sont exposés qu’à la désinformation et à l’antisémitisme. C’est tout ce qu’ils connaissent.”
Afin de contrer ces rhétoriques, Bahari – plus connu pour le récit tragique de son incarcération en Iran alors qu’il couvrait le soulèvement postélectoral de 2009 [Then They Came for Me, non traduit en français], dont Jon Stewart a tiré en 2014 son film Rosewater – a travaillé conjointement avec le musée commémoratif américain de l’Holocauste (USHMM) sur un projet spécial pour marquer la journée du souvenir de la Shoah [27 janvier].
Ensemble, ils ont traduit en persan le roman graphique autorisé sur Anne Frank*, l’adolescente [juive] qui rédigea son célèbre journal caché dans un grenier d’Amsterdam avant d’être découverte par les nazis.
Cette traduction du roman graphique s’inscrit dans le cadre du Projet Sardari, une initiative visant à rendre l’éducation à la Shoah accessible et intéressante pour le jeune public iranien, tant en Iran que dans la diaspora. (Le projet porte le nom d’un diplomate iranien, Abdol-Hossein Sardari, qui s’employa à sauver des Juifs iraniens et non iraniens dans le Paris occupé de la Seconde Guerre mondiale).
Téhéran et la “négation de la Shoah”
“En Iran, le régime a mis en place une politique et des mesures de négation de la Shoah au plus haut niveau, en faisant un enjeu politique”, explique Tad Stahnke, directeur du programme d’éducation internationale du musée commémoratif américain de l’Holocauste.
Selon Bahari, une parti
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