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Une rescapée de la Shoah devant des élèves toulousains : "Je leur demande de combattre la haine"

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Lili Keller-Rosenberg est l'une des rares anciennes déportées. Tant qu'elle peut témoigner de l'horreur de la Shoah, cette dame originaire de Roubaix le fera. Elle est à Toulouse pour rencontrer des collégiens et lycéens toulousains. Elle est aussi notre invitée ce lundi matin.

A presque 90 ans, Lili Keller-Rosenberg se déplace partout en France pour raconter son histoire : elle a été déportée quand elle avait 11 ans. Elle était ce matin l'invitée de France Bleu Occitanie. A presque 90 ans, Lili Keller-Rosenberg se déplace partout en France pour raconter son histoire : elle a été déportée quand elle avait 11 ans. Elle était ce matin l'invitée de France Bleu Occitanie.
A presque 90 ans, Lili Keller-Rosenberg se déplace partout en France pour raconter son histoire : elle a été déportée quand elle avait 11 ans. Elle était ce matin l'invitée de France Bleu Occitanie. © Radio France - AS Hourdeaux/Croix du Nord

C'est une parole précieuse, de plus en plus rare : celle des anciens déportés. Ils sont de moins en moins nombreux à pourvoir témoigner de la barbarie nazie et de la réalité des camps de concentration. Lili Keller-Rosenberg est l'une de ces dernières rescapées. Elle avait 11 ans quand elle a été déportée à Ravensbrück avec sa mère et ses deux petits frères. 

C'est ce qu'elle va raconter ce lundi 14 février et mardi 15 février, aux élèves des collèges et lycées Pierre de Fermat à Toulouse. Lili Keller-Rosenberg était notre invitée ce lundi matin. 

Vous aviez 11 ans quand vous avez été déportée, le 27 octobre 1943, à Ravensbrück en Allemagne avec votre maman et vos deux petits frères. Pourquoi avez-vous commencé à témoigner de l'horreur des camps ?

Ecoutez, je n'ai commencé à témoigner qu'avec l'apparition des négationnistes parce que je ne pouvais pas supporter qu'on mette en doute et qu'on se dise que tout cela n'a pas existé. Alors là, mon sang ne faisait qu'un tour. J'étais timide, et cependant, il me fallait réagir. 

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J'ai donc commencé à témoigner, un peu au début. Et puis, avec le temps maintenant, je suis submergée de demandes et c'est ce qui fait mon plaisir. C'est fatigant mais combien important à mes yeux. Donc, je ne faillirai pas à ma tâche. 

Vous avez presque 90 ans, vous témoignez depuis une quarantaine d'années. Qu'est-ce que vous allez leur dire aux élèves toulousains ? 

D'abord, je leur explique mon parcours parce que vous le savez, dans leurs cours d'histoire, ils en savent déjà pas mal sur la seconde guerre mondiale. Mais entendre une déportée, c'est quelque chose de plus et vraiment, ils ont envie d'entendre la parole d'un déporté. 

Mais c'est aussi, surtout, pour leur donner des leçons à la fin, pour leur dire que le monde actuel n'est pas beau, comme on se l'imaginait. Les déportés, au retour, disaient "plus jamais cela" et vous voyez, ça reprend de toutes parts. Donc, je veux que ces jeunes changent. 

Et s'ils se donnent la main tous dans l'Europe entière, on peut changer les choses. Je leur demande surtout de combattre le racisme, qui est un fléau à notre époque, de combattre également l'antisémitisme qui malheureusement perdure et de combattre la xénophobie, la haine de l'étranger. 

"Je leur demande d'être tolérants et surtout, surtout, de combattre la haine."

C'est la haine qui amène toutes ces guerres et ces élèves le comprennent si bien, je vous assure. Je leur dit : "Les enfants, bientôt, il n'y aura plus de déportés. Je suis encore l'une des rares parce que j'ai été déportée enfant. Mais quand il n'y aura plus de déporté, c'est vous qui aurez à transmettre". Et ils comprennent si bien. Je leur dis : "vous êtes mes petits messagers". Ils me promettent tous de reprendre après moi et j'ai confiance en eux parce qu'ils le disent avec beaucoup de conviction et beaucoup de sérieux. Et je suis sûre, assurée qu'ils le feront. Ma mission sera accomplie à ce moment. 

On le disait : il y a de moins en moins d'anciens déportés qui peuvent témoigner. Est-ce que vous avez peur qu'on oublie l'horreur de ces camps ?

Oui. À un moment donné, j'avais cette crainte. Je me disais, quand il n'y aura plus de déportés, c'est fini. On n'en parlera plus. Mais ces jeunes sont convaincus et convaincants et je suis sûre qu'ils le feront. 

Je reçois des milliers de lettres qui me le prouvent et je peux croire en eux. Dans tous les départements, j'ai rencontré des jeunes prêts à remplir leur tâche. Et voilà, je suis sûre que l'avenir ne sera pas aussi laid que certains l'imaginent. Parce que ces jeunes seront là. 

Quel regard vous portez sur le contexte politique actuel, à moins de deux mois du premier tour de l'élection présidentielle ? 

Écoutez, je ne suis pas totalement réjouie, vous pensez bien. Cependant, loin de moi toute la politique et je n'essaie jamais d'influencer les jeunes. Je leur dis simplement : "Les enfants, dans quelques années, vous allez être appelés à voter. Faites très attention. C'est lourd de sens, un vote. Réfléchissez bien avant de donner votre voix à l'un des candidats". Ils sont intelligents et je suis sûre qu'ils feront le bon choix mais moi, je ne veux pas les influencer.

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