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Ligue des champions

PSG-Real, Mbappé seul sur sa planète

Menés par leur attaquant champion du monde, les Parisiens l’ont emporté (1-0) ce mardi contre des Madrilènes empruntés, en huitième de finale de la Ligue des champions. Match retour dans trois semaines.
par Grégory Schneider
publié le 15 février 2022 à 23h20

Le huitième de finale aller entre le Paris-SG et le Real Madrid aura basculé sur un coup : Kylian Mbappé, un exploit personnel dans les arrêts de jeu (1-0, 93e) et les Parisiens qui virent en tête avant le retour à Madrid le 9 mars, une maigre récompense tant les vice-champions de France auront mis d’eux-mêmes dans une partie que les Espagnols auront semblé ne jamais disputer, comme s’ils regardaient ailleurs. Vers le match retour ? Vers un autre football, d’attente, dans une Ligue des champions tout en générosité et en incandescence ? Un miracle arbitral, comme les Merengue les ont accumulés depuis un demi-siècle ? Ou tout simplement ne pouvaient-ils pas plus, gérant le crépuscule d’une équipe dépassée ?

Divine surprise côté madrilène, pourtant, à deux heures du coup d’envoi : les Français Ferland Mendy et Karim Benzema, blessés depuis des semaines, sont dans la compo des merengue. Ça change beaucoup de choses : deux dragsters (Mendy et l’attaquant brésilien Vinicius) sur le côté gauche espagnol, choquant sur le côté faible (le droit) parisien, et la Maison blanche retrouve son maître à jouer. Une manigance formidable : le Real arrive sur le coup d’envoi avec un élan. Si les Parisiens marquent le coup, l’équipe espagnole gagne le match avant le match.

User leurs chaussures

Seulement voilà, ou bien Kylian Mbappé et consorts s’attendaient à cette basse manœuvre, ou bien ils s’en foutent, mais ils s’installent dans la partie comme dans leur salon. Les Madrilènes ne passent pas le milieu de terrain et c’est le point faible du Real, le défenseur droit Dani Carvajal, que le joueur fort du Paris-SG (Mbappé) rend dingue. Le pauvre latéral n’en finit plus de se casser la figure, ses coéquipiers Eder Militao et Luka Modric viennent déverser de pleins seaux d’eau pour éteindre les incendies, Mendy se fait bouger à l’épaule par Hashraf Hakimi et les hommes entraînés par Carlo Ancelotti se replacent à petits pas, comme s’ils ne voulaient pas user leurs chaussures.

C’est tellement gros que l’on finit par se demander à chaque occasion parisienne (2e minute, 17e) s’il n’y a pas de ça : un plan machiavélique pour que Paris y laisse des plumes avant de ramasser les morts dans les vingt dernières minutes. Il faut attendre une demi-heure pour voir les Madrilènes poser leur premier jeu de possession dans les quarante mètres parisiens, les Blancs s’enhardissent et ouvrent les portes à Mbappé, menaçant en contre-attaque (42e). 0-0 aux citrons, une mi-temps comme un songe et même un mensonge, comme si l’intox avant le match sur l’absence de Benzema perdurait dans le jeu.

Art de la nullité

La reprise voit les Parisiens monter le pressing d’un étage, Mbappé – toujours lui – obligeant le gardien Courtois à coucher ses deux mètres en une fraction de seconde (un art) pour sortir une frappe en pivot (50e), alors que pas moins de quatre joueurs s’étaient refermés sur l’international français. Carvajal, dans le brouillard, descend Mbappé dans la surface, lequel Mbappé laisse le péno à Lionel Messi. Qui le rate (60e). Comme quoi, aider un ami dans le besoin...

Les joueurs parisiens prennent l’impact, les duels et les tirs (16 à 2 à vingt minutes du terme), tout ce qu’il y a à ramasser dans un match prudent, où les joueurs ont peur de tout. Le Real intrigue, ratant des passes à cinq mètres, improvisant d’étranges toro (on se refile le ballon en passes courtes) dans leur propre surface de réparation et laissant sur le terrain un Benzema manifestement loin du compte physiquement ou un Vinicius qui ira jusqu’à entreprendre de se dribbler lui-même (78e). Neymar, qui s’est teint en blond, rentre, le rythme du match ne risquant pas de l’éjecter du manège.

Une frappe de Neymar excentré lèche la transversale, comme le destin d’un match que le Paris-SG aura tenu dans sa main sans jamais refermer ses doigts dessus, les Espagnols chutent au moindre frottement ou gonflent d’importance une embrouille pour laisser filer les minutes, un art de la nullité (pas de jeu, pas d’ambition) dont ils ont manqué de très peu d’imprégner le match. Parce que Mbappé est passé par là, promenant deux joueurs madrilènes (Militao et Lucas Vazquez) pour ouvrir du pied droit sa frappe entre les jambes d’un Courtois enfin battu. On aura aussi compris que cette équipe est celle du champion du monde tricolore. Et de lui seul.

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