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Après les Hijabeuses, la Ligue des droits de l'Homme se retourne également contre la FFF

Sollicitée, la FFF nous a confirmé la réception de la réclamation préalable de la LDH, datée du 15 décembre et adressée à Noël Le Graët. (P. Lahalle/L'Équipe)
Sollicitée, la FFF nous a confirmé la réception de la réclamation préalable de la LDH, datée du 15 décembre et adressée à Noël Le Graët. (P. Lahalle/L'Équipe)

INFO L'EQUIPE. Après le collectif des Hijabeuses, la Ligue des droits de l'Homme a également saisi le Conseil d'État pour contester le « principe de neutralité » prôné dans l'article 1 des statuts de la FFF, qu'elle souhaite faire abroger.

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Les Hijabeuses, ces joueuses qui réclament le droit de jouer voilées en compétition, ne sont pas les seules à se retourner contre la FFF et son « principe de neutralité ». Selon nos informations, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) a également saisi, mi-décembre, le Conseil d'État, via une requête sommaire, pour contester l'article premier des statuts de la FFF, qui interdit lors de ses compétitions « tout discours ou affichage à caractère politique, idéologique, religieux ou syndical », « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale » et « tout acte de prosélytisme ou manoeuvre de propagande ». Fondée en 1898, la LDH « combat les injustices, le racisme, le sexisme, l'antisémitisme et les discriminations de tous ordres ». Elle est présidée depuis juin 2017 par Malik Salemkour.

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Si la démarche des Hijabeuses, abritées par l'association Alliance citoyenne, se concentre principalement sur le caractère religieux de cette interdiction, celle de la LDH va plus loin. « Notre approche est sensiblement différente de celle de l'autre procédure, nous explique Me Lionel Crusoé, l'avocat de la LDH dans ce dossier. Nous contestons le caractère absolu de cette obligation de neutralité. Nous avons également adressé à la FFF une demande d'abrogation de cet article. L'idée, c'est de pouvoir discuter avec elle pour obtenir des aménagements ou une réécriture de ce texte. Pour le moment, on attend une réponse. Si la Fédération ne nous répond pas, ou si elle rejette notre demande, nous poursuivrons l'action engagée devant le Conseil d'État en produisant un mémoire complémentaire. »

La LDH dénonce « une atteinte disproportionnée à la liberté d'expression »

Sollicitée, la FFF nous a confirmé la réception de cette réclamation préalable de la LDH, datée du 15 décembre et adressée à Noël Le Graët, le patron de l'instance. Mais elle n'a pas souhaité effectuer de commentaires sur le sujet.

La Ligue des droits de l'Homme souhaite que les footballeurs, hommes et femmes, disposent de modalités d'expression beaucoup plus larges sur le terrain ou en conférence de presse. « Il apparaît que le texte en litige porte, au regard des conditions qu'il pose, une atteinte disproportionnée à la liberté d'expression garantie par l'article 10 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales », argumente la LDH dans sa requête sommaire devant le Conseil d'État, que nous avons pu consulter.

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Interrogé sur le risque d'inflation de messages hétéroclites, voire conflictuels, au cas où les dispositions prohibitives de l'article 1 des statuts de la FFF seraient abrogées, Me Crusoé estime que ce risque serait « assez virtuel » et qu'il faut « faire confiance aux joueurs ». « Les footballeurs sont aussi des citoyens et les compétitions doivent leur offrir un petit espace d'expression, poursuit-il. Cet accès à la citoyenneté doit être pris en compte, même s'il n'est pas question de balkaniser le sport. »

publié le 11 février 2022 à 19h20