Les forêts tropicales se régénèrent (en partie) en 20 ans

Forêt colombienne ©AFP - Raul ARBOLEDA
Forêt colombienne ©AFP - Raul ARBOLEDA
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Il apparaît que la régénération des forêts tropicales humides est plus rapide, plus facile, plus complète que ce que nous pensions jusqu’alors.

Chaque année, à l’échelle planétaire, 10 millions d’hectares de forêts tropicales sont éliminés. Depuis que cette chronique a débuté, donc depuis 4 secondes environ, une surface de forêt équivalente à 12 piscines olympiques a été supprimée de la terre.

Et Maintenant ? Bonne nouvelle ! Il apparaît que la régénération des forêts tropicales humides est plus rapide, plus facile, plus complète que ce que nous pensions jusqu’alors. C’est ce qu’une équipe de 90 chercheurs internationaux, coordonnés par le CIRAD, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, vient de mettre en lumière. Dans une étude parue en décembre dernier dans la revue Science, ils ont modélisé des trajectoires de restauration de 2 200 parcelles de forêt localisées en Amérique du Sud et en Afrique de l’Ouest.

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La nature à l'œuvre

Des espaces forestiers abîmés, saccagés, détruits par la culture du soja, du cacao, des palmiers à l’huile. Résultat de l’étude : deux décennies après que ces parcelles ont été abandonnées par leurs agriculteurs, il apparaît que 80% de la fertilité du sol et 80% de la diversité végétale y sont restaurées. Bruno Herault, scientifique, chercheur au CIRAD, nous explique le processus à l’œuvre derrière cette régénération naturelle : la succession naturelle.

Entre 1996 et 2015, 2,7 millions d’hectares de forêt ont repoussé naturellement dans la région de la forêt atlantique du Brésil. L’efficacité de cette succession naturelle s’enracine dans deux facteurs. Un : les banques de graines toujours présentes dans les sols et que l’agriculture intensive n’a pas abîmées ou détruites. Deux : la chaleur, l’humidité propres aux climats tropicaux. Les forêts détruites en Europe, par exemple, ne pourrait pas se régénérer si rapidement.

Dans le même temps, il apparaît que cette régénération n’est pas complète. La fertilité des sols, par exemple, fait son retour avec bien plus de célérité que celui de la composition des espèces d’arbres et la biomasse aérienne. En outre, il faudra plus d’un siècle pour que les arbres renouent avec leur complète capacité de captation du CO2. Toutefois, les chercheurs estiment que ce processus naturel est décisif. Et qu’il s’avère moins couteux, plus efficace, qu’une autre méthode : la plantation d’arbres par les êtres humains.

La plupart des forêts que nous connaissons en Europe se sont régénérées aux XVIIIe, XIXe et au début du XXe siècle. Aux États-Unis, dans certaines régions, la couverture forestière est, grâce à la régénération, plus importante qu’il y a deux siècles. Mais le tout : c’est de laisser à ces forêts, à tout ce qu’elles charrient avec elles, le temps, l’espace, la possibilité de ressurgir, de renaître. Pour une fois, prenons le parti du laissez-faire.

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