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L'Europe veut réguler le trafic spatial

Plus d'un million de petits débris orbitent déjà autour de la Terre. L'augmentation exponentielle du nombre de satellites impose désormais de se doter de règles communes sur la gestion du trafic spatial, avertit le commissaire Thierry Breton.

Plus d'un million de débris de 1 à 10 centimètres, suffisant pour endommager sérieusement un satellite, circulent dans l'orbite terrestre.
Plus d'un million de débris de 1 à 10 centimètres, suffisant pour endommager sérieusement un satellite, circulent dans l'orbite terrestre.

Par Derek Perrotte

Publié le 16 févr. 2022 à 06:22Mis à jour le 16 févr. 2022 à 12:07

Bison Futé devra-t-il un jour enfiler une tenue de spationaute ? Nous n'en sommes pas encore là, mais l'augmentation exponentielle du trafic spatial inquiète l'Europe, désormais décidée à bâtir une forme de « code de la route » de l'espace. « Avec une augmentation exponentielle du nombre de satellites en orbite due aux nouveaux développements dans les lanceurs réutilisables, les petits satellites et les initiatives privées dans l'espace, la résilience et la sécurité de l'UE et les actifs spatiaux des Etats membres sont gravement menacés », a affirmé mardi la Commission européenne. « Il est essentiel de protéger la viabilité à long terme des activités spatiales en veillant à ce que l'espace reste un environnement sûr, sécurisé et durable », insiste-t-on à Bruxelles. L'UE érige donc désormais la gestion du trafic spatial en « question prioritaire ».

Embouteillage en vue

Depuis le début de la course à l'espace, quelque 6.000 lancements ont mis en orbite 11.800 satellites, dont 4.550 sont encore opérationnels. Les autres voguent encore, là-haut… Dans les années à venir, plus de 20.000 satellites supplémentaires seront lancés, anticipe la Commission, qui alerte sur le fait que plus d'un million de débris d'un à dix centimètres orbitent déjà autour de la Terre. « Cela peut suffire à détruire un satellite », indique le commissaire Thierry Breton, en charge de l'Espace.

Les manoeuvres d'évitement récemment opérées par la Station spatiale internationale, ou encore par un satellite de la constellation européenne Copernicus pour éviter un satellite lancé par SpaceX, rappellent de fait que « le risque de collision augmente significativement », comme le souligne l'eurodéputé Christophe Grudler (Renew), vice-président de l'intergroupes « Sky and Space » du Parlement européen.

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Suivi des débris

L'objectif affiché est de parvenir à un corpus de pratiques et de règles européennes, tant pour les dimensions civile que militaire de l'activité spatiale. La Commission va à présent entamer une phase de consultation des Etats sur les différents pans de ce vaste dossier. Il inclura les activités de surveillance de l'espace et des objets en orbite (SST), le retrait des débris spatiaux, la gestion des orbites et du spectre des fréquences radioélectriques, la gestion du cycle de vie complet des opérations spatiales et, enfin, la phase de rentrée dans l'atmosphère d'un véhicule spatial.

Capacité d'évitement

Un des enjeux sera de développer et mieux mutualiser les technologies de suivi des déchets et des satellites en orbite. Actuellement, sept Etats membres collaborent déjà dans un programme dédié, EU STT, appelé à prendre de l'ampleur. Le Fonds européen de défense sera notamment sollicité pour développer des réseaux de radars et télescopes. Autre piste : développer, via un système de label pouvant à terme devenir réglementaire, des satellites dotés de capacité d'évitement d'une part, et à même de rejoindre la Terre une fois tombés dans l'obsolescence. Des collaborations accrues sont aussi programmées avec des start-up travaillant sur des modules capables d'aller chercher puis ramener des satellites hors de service occupant inutilement l'espace.

Elon Musk agace

Le sujet sera à l'ordre du jour de la réunion des ministres des 27 Etats membres de l'UE chargés de l'espace, ce mercredi à Toulouse. Par cette initiative, Bruxelles espère aussi se poser en moteur de discussions internationales sur ce thème, qui peinent aujourd'hui à décoller alors que les Etats-Unis s'attaquent eux aussi à la question. La Nasa vient ainsi notamment de mettre en doute la sécurité de la constellation Starlink de SpaceX , l'entreprise dirigée par Elon Musk.

Derek Perrotte (Bureau de Bruxelles)

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