Environ 300 migrants vivent dans le camp de Grande-Synthe. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Environ 300 migrants vivent dans le camp de Grande-Synthe. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants

Les services de l'État ont activé le plan Grand froid dès mercredi à Calais, et ce jeudi à Grande-Synthe en raison de deux tempêtes successives qui balayent le nord de la France, avec des bourrasques pouvant atteindre 150 km/h. Des hangars et des gymnases ont été ouverts pour mettre à l'abri les quelque 2 000 migrants qui vivent dans la région.

Deux tempêtes successives balayent le nord de la France. La première, Dudley, a frappé la région dans la nuit de mercredi 16 à jeudi 17 février avec des bourrasques de 110 km/h. La deuxième, Eunice, est attendue vendredi dans la même zone. Des rafales de vents pouvant atteindre plus de 150 km/h sont attendues dans les Hauts-de-France.

À Calais, les services de l’État ont activé le plan Grand froid de mercredi à vendredi pour les migrants qui dorment à la rue. Deux hangars, rue des Huttes, d’une capacité de 313 places ont été ouverts, ainsi qu’un conteneur de 85 places, route de Saint-Omer, pour les femmes et les mineurs, indique la Voix du Nord. Des bus affrétés par les autorités partent de la rue des Mouettes entre 16h30 et 18h30 pour acheminer les migrants souhaitant être mis à l’abri.

Selon les humanitaires, le dispositif pourra être prolongé en fonction des conditions météorologiques – la préfecture du Pas-de-Calais n’a pas répondu à nos sollicitations.

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L’association Utopia 56 affirme avoir triplé ses maraudes pour informer les quelque 1 700 exilés vivant dans la ville. "On a emmené 69 personnes hier [mercredi, ndlr] au niveau des départs des bus", précise à InfoMigrants Marguerite Combes, coordinatrice d’Utopia 56 à Calais. Au total, environ 200 migrants ont dormi au chaud dans la nuit de mercredi à jeudi, d’après les chiffres de l’association.

"On se réjouit que le plan Grand froid ait été activé mais comme d’habitude, le travail est fait à moitié. Heureusement que les associations non mandatées par l’État sont là pour mettre au courant les exilés et pour les orienter", insiste Marguerite Combes. La militante dénonce également le créneau de deux heures mis à la disposition des migrants pour monter dans un bus vers les hangars. "C’est une manière de réguler et de rendre le service médiocre", assure-t-elle.

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Le plan Grand froid est utilisé en cas d'extrême urgence. Mais ce dispositif n'est pas toujours activé depuis sa création en 2017. Il n'a été ouvert qu'une poignée de fois en 2021 à Calais, et à une dizaine de reprises l'année précédente, souligne la Voix du Nord.

"On craignait que des arbres tombent sur les lieux de vie des migrants"

À une trentaine de kilomètres de là, à Grande-Synthe, l’État a ouvert jeudi deux gymnases pour les migrants à la rue. Utopia 56 avait envoyé mardi une lettre à la préfecture, à la mairie et au département pour demander le déploiement d’un dispositif d’urgence. Restée sans réponse, l’association s’inquiétait jeudi matin – avant l’annonce de la préfecture du Nord - du sort des 300 exilés qui dorment dehors, dont des femmes et des enfants.

"Cette nuit c’était affreux, des gens nous ont appelés pour nous demander de l’aide. Les vents étaient impressionnants et les tentes n’ont pas toutes tenu debout. On craignait que des arbres tombent sur les lieux de vie des migrants", explique Anne Richel, coordinatrice d’Utopia 56 à Grande-Synthe, contactée par InfoMigrants. Le 6 février, des rafales de 110 km/h avaient déjà touché la ville. Un homme avait été blessé à la jambe par des bouts de bois et des bâches qui composaient son abri de fortune.

Dans un communiqué, la préfecture du Nord rappelle que "depuis le 1er janvier, 827 personnes ont été mises à l’abri" dans les centres du département, qui n'ont "jamais été saturés". Et d’ajouter que "toutes les personnes migrantes volontaires à la mise à l’abri peuvent se signaler auprès des opérateurs de maraude sociale mandatés par l’État qui sont présents quotidiennement sur le littoral". 

 

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