Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les musées succombent à l’appel des NFT

Après les Offices à Florence, l’Ermitage à Saint-Pétersbourg ou le Belvédère à Vienne, le British Museum, à Londres, met en vente des œuvres sous forme numérique et non reproductible.

Par 

Publié le 18 février 2022 à 17h30

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Reproduction NFT d’un tableau de Raphaël, à Londres (Royaume-Uni), le 15 février 2022.

Rien ne résiste à l’appel des NFT (ou « jetons non fongible », en français), ces titres de propriété numérique renvoyant à des images enregistrées dans la blockchain. Après le monde de l’art, du luxe et du sport, c’est au tour des musées de s’engouffrer dans la brèche. Le British Museum, à Londres, met ainsi en vente jusqu’au 4 mars vingt NFT représentant des aquarelles du peintre britannique William Turner. Des reproductions, comme Internet en regorge, mais qui jouent sur l’effet de rareté. Les éditions qualifiées de « super rares » par le musée sont mises à prix à 4 999 euros. Quant aux moins « rares », elles ont toutes trouvé preneur en moins d’un mois au prix unitaire de 999 euros.

Le musée londonien n’en est pas à son coup d’essai. En septembre déjà, il avait vendu deux cents NFT de Hokusai pour un montant « à sept chiffres », précise Jean-Sébastien Beaucamps, fondateur de LaCollection, start-up spécialisée dans la vente de cette technologie et partenaire de l’opération. Les retombées ne compensent pas la chute des recettes de billetterie. Mais elles ne sont pas négligeables pour un musée aux abois, dont les revenus ont fondu de 97 % entre 2020 et mars 2021. « Au-delà du chèque, l’opération a donné au British Museum accès à toute une génération de nouveaux collectionneurs qui pourraient devenir autant de donateurs », fait valoir Nicolas Reynaud, associé au sein de LaCollection.

« Le musée se déprécie en voulant nous persuader qu’un JPEG reproductible à l’infini mérite de s’échanger comme des pièces à tirage limité », estime l’historien d’art Bendor Grosvenor

C’est en janvier 2021, alors que les vagues de Covid-19 se succèdent, que M. Beaucamps a l’idée de lancer LaCollection. « Je voyais que des musées américains en étaient réduits à vendre des œuvres pour payer leurs salariés, et dans le même temps, le marché de l’art semblait plus renforcé que jamais », rembobine le jeune entrepreneur, qui propose alors à une centaine de musées de s’engouffrer dans le phénomène NFT.

Au même moment, d’autres sociétés flairent le potentiel. En mai 2021, la galerie des Offices, à Florence, s’associe à l’entreprise italienne Cinello pour reproduire en NFT une peinture de Michel-Ange, pour laquelle elle récolte 140 000 euros. L’Ermitage, à Saint-Pétersbourg, lui emboîte le pas en lançant durant l’été 2021 cinq NFT, reproduisant des tableaux de Léonard de Vinci, de Van Gogh et de Monet, qui rapportent plus de 440 000 dollars (près de 388 000 euros).

« Incertitude juridique »

Le Belvédère, à Vienne, vient aussi de prendre le pli. A l’occasion de la Saint-Valentin, le musée autrichien a mis en vente 10 000 NFT du célèbre Baiser, de Klimt, à 1 850 euros l’unité. Vendues comme des « lithographies numériques », ces reproductions n’offrent pas plus d’intérêt que de vulgaires posters, aux yeux des historiens d’art. « Le musée se déprécie en voulant nous persuader qu’un JPEG reproductible à l’infini mérite de s’échanger comme des pièces à tirage limité », grince ainsi l’historien d’art Bendor Grosvenor dans l’Art Newspaper.

Il vous reste 39.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.