Faux documents, dysfonctionnements "majeurs", l'IHU de Didier Raoult épinglé dans une enquête

  • L'Agence nationale de sécurité du médicament aurait rédigé un rapport préliminaire, selon Médiapart.
    L'Agence nationale de sécurité du médicament aurait rédigé un rapport préliminaire, selon Médiapart. MAXPPP - Alexis Sciard
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MIDI LIBRE

Une enquête de l'Agence nationale de sécurité du médicament a épinglé l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, dirigé jusqu'en 2021 par le professeur Didier, pour plusieurs manquements.

Le dernier rapport confidentiel de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), a pu être consulté par nos confrères Médiapart ce 19 février. Dans le document, l'Institut hospitalo-universitaire (IHU), dirigé jusqu'en 2021 par le professeur Didier Raoult, est soupçonné de plusieurs manquements, parfois "majeurs".

L'enquête de l'ANSM, porte sur une semaine en novembre 2021 au sein de l'IHU. Les enquêteurs auraient relevé près de 15 dysfonctionnements , dont la majorité jugée "totalement inacceptables", rapporte Médiapart.

Pas de contrôles des recherches

Premier dysfonctionnement majeur : l'absence d'un véritable organisme de contrôle des recherches propre dans l'établissement. Seul un comité d'éthique interne étant installé pour évaluer les projets soumis, indique TF1.

Pas de cadre légal

Toujours selon les enquêteurs, reçus dans "un climat de défiance" et même agressés verbalement par Michel Drancourt, le directeur adjoint de l'IHU, indique Médiapart, une étude portant sur des bactéries résistantes aux antibiotiques aurait eu lieu hors du cadre légal. L'IHU n'aurait tout simplement pas demandé d'avis au comité de protection des personnes (CPP), ce qui est pourtant obligatoire, sinon la recherche est illégale.

Des recherches jugées "observationnelles", se défend Didier Raoult, malgré la nécessité d'effectuer des prélèvements parfois intimes : nasaux, rectaux ou vaginaux.

Un essai clinique sur la gastro-entérite n'aurait pas obtenu tous les accords des parents d'enfants mineurs. Sur les 3000 participants à l’étude, 30 n'auraient pas eu d'autorisation parentale, malgré les prélèvements rectaux, indique France Bleu.

Des faux documents ? 

La prise en charge de patients atteints de tuberculose est aussi pointée du doigt. Selon le rapport de l'ANSM, l'IHU aurait prescrit quatre médicaments sans qu'aucune efficacité face à cette maladie. Des traitements pourtant réfusés par l'agence du médicament. Sur 21 dossiers médicaux, neuf faisaient état "d'effets indésirables graves".

L'enquête de l'ANSM, suspecte l'institut d'avoir produit des faux documents afin de valider la réalisation de ces recherches. La note portant la mention "avis favorable" du comité interne aurait été signée par une personne niant l'avoir fait.