Russie: une ministre écologiste allemande craint des pénuries de charbon en cas d'exclusion de Swift

La Russie sera-t-elle exclue du système interbancaire Swift? Cette sanction envisagée par les pays occidentaux en réponse à l’invasion de l’Ukraine a été présentée comme une "arme nucléaire financière" par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire qui s’y est dit favorable vendredi. De son côté, la Commission européenne a dit vouloir se donner "quelques jours pour travailler" sur cette option, afin d’en étudier "la faisabilité technique et les conséquences".

En réalité, les Européens semblent divisés sur la question. L’Allemagne, notamment, s’est montrée réticente à actionner ce levier. Vendredi, la ministre écologiste des Affaires étrangères allemandes, Annalena Baerbock, a même estimé que la sortie de la Russie du réseau de messagerie bancaire Swift causerait des "dommages collatéraux massifs" outre-Rhin.

"Nous ferons tout ce que nous pourrons pour arrêter cette folie", a-t-elle dit à la télévision publique ARD, évoquant l’attaque russe en Ukraine. Mais nous devons également nous assurer que nous ne choisissons pas des instruments dont Poutine finirait par se moquer parce qu’ils nous frapperaient beaucoup plus fort".

Et pour cause, l’Allemagne dépend largement de la Russie pour son approvisionnement en gaz mais aussi en charbon qu’il achète via le système Swift: "L’Allemagne dépend à 50% des importations de charbon russe", a rappelé le vice-chancelier allemand, Robert Habeck. "Si nous n’avons pas ce charbon, les centrales électriques au charbon en Allemagne ne pourront pas fonctionner". Difficile en effet de trouver des alternatives à court terme. "Et bien sûr, nous devons veiller à ce que nous continuions à avoir un approvisionnement stable en électricité et en chaleur", a déclaré Annalena Baerbock.

"Déstabilisation"

Selon elle, les difficultés d’approvisionnement en énergie conduiraient à une "déstabilisation dans notre pays", ce que souhaite précisément Vladimir Poutine. Or, les sanctions prises actuellement comme l’impossibilité pour les banques russes de se financer en Europe sont tout aussi efficaces pour mettre à mal l’économie de la Russie, a assuré la ministre.

Le ministre allemand des Finances, Christian Lindher, a quant à lui indiqué que d’autres sanctions contre la Russie seraient examinées, dont l'exclusion du système Swift. Mais il a prévenu que les conséquences d’une telle décision en matière d’approvisionnement énergétique devaient être étudiées en amont: "Nous y sommes ouverts, mais vous devez savoir ce que vous faites", a-t-il dit.

Interrogé sur cette exclusion jeudi soir, le chancelier allemand Olaf Scholz a de son côté déclaré: "il est très important que nous décidions des mesures qui ont été préparées ces dernières semaines et que nous gardions tout le reste pour une situation où il serait nécessaire de faire d'autres choses".