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Groupuscules

Des radicaux d’extrême droite attaquent une conférence antifasciste à Strasbourg

Une vingtaine d’assaillants, identifiés par les victimes comme membres du groupuscule néonazi Strasbourg Offender, ont fait deux blessés vendredi soir. Un fait divers de plus à ajouter à la litanie des violences d’ultradroite perpétrées ces dernières années.
par Maxime Macé et Pierre Plottu
publié le 27 février 2022 à 12h35

Il est autour de 22 heures, vendredi soir à Strasbourg, lorsqu’un commando d’extrême droite se déchaîne soudain. Entre 15 à 20 personnes, selon les différents témoignages, ont attaqué, à coups de bâtons et de projectiles, une conférence antifasciste qui se tenait à la Maison des syndicats, dans le centre-ville. Des militants de gauche présents sur place, dont un responsable du groupe antifasciste Jeune Garde contacté par Libération, désignent des néonazis héritiers du GUD comme les assaillants. Deux blessés légers sont à dénombrer.

«[Vendredi] soir, une vingtaine de nazis ont attaqué la Maison des syndicats où se tenait une table ronde du collectif antifasciste 67», a condamné Cem Yoldas, porte-parole de la Jeune Garde Strasbourg sur Twitter samedi, vidéo à l’appui. «On les a empêchés de rentrer dans la Maison des syndicats, c’est très grave qu’ils attaquent ce lieu», dénonce le même auprès de Libé. Les images qui circulent en ligne montrent un groupe de jeunes hommes tentant de pénétrer dans le bâtiment mais se heurtant au service d’ordre qui en défend l’entrée. S’ensuivent de longues minutes de violences à coups de bâtons et de projectiles lancés par les assaillants, tandis que les militants de gauche tiennent l’embrasure de l’entrée. Les Dernières Nouvelles d’Alsace ont recensé deux blessés parmi ces derniers, l’un ayant eu une dent cassée, un autre ayant dû se faire poser des points de suture à la tête.

Cette conférence réunissant une historienne, une autrice, un syndicaliste et un membre de la Jeune Garde avait pour thème le danger fasciste en France et une centaine de personnes y assistaient, détaille Rue89 Strasbourg. Le site d’actu a recueilli le témoignage d’une riveraine «choquée par une scène d’extrême violence».

La mouvance d’extrême droite radicale a revendiqué l’attaque via ses canaux habituels. Un compte rendu partial, viriliste, accompagné d’une vidéo des violences en version longue. Mais qui omet de nommer un auteur. Les participants à la réunion désignent pourtant clairement Strasbourg Offender, des hooligans néonazis supporters du RC Strasbourg (RCS). «On les a formellement reconnus, assure Cem Yoldas. Et ça criait RCS hooligan !»

Des anciens du GUD

Une version confirmée par les images que nous avons pu consulter. Ce qui, entre le mode opératoire, le canal de revendication et le motif politique, flèche très clairement vers Strasbourg Offender (qui nie toutefois son implication auprès de Rue89 Strasbourg). Des radicaux pour qui militer se résume à la violence de rue. Attaques de manifs, de militants de gauche, agressions… ces anciens du GUD, devenu Bastion social en 2017 (dissous par les autorités dès avril 2019), ont également attaqué des supporters d’un club israëlien en juillet 2019. Ils l’avaient revendiqué en diffusant une photo de leur groupe brandissant leur bannière, faisant des saluts nazis et exhibant un drapeau à croix gammée.

Strasbourg Offender appartient à la galaxie de groupuscules néonazis qui militent à coups de poing un peu partout en France. Des Zouaves Paris (qui ont molesté des militants de SOS Racisme au meeting de Zemmour à Villepinte et dont le leader est en prison) au Guignol Squad à Lyon, en passant par le Lagaf Crew de Toulouse… une épidémie de bandes mêlant néonazis, identitaires et autres militants d’extrême droite, la baston réconciliant les chapelles.

Une conséquence aussi de la stratégie de décentralisation commencée pour contrer l’interdiction du Bastion social, qui s’est reformé quasi immédiatement en montant une nébuleuse de groupes locaux. Et qui est désormais très ancrée à l’extrême droite radicale. Libé a démontré que Génération identitaire a reproduit le même schéma dans la foulée de sa dissolution en mars 2021, s’illustrant également par un regain de violence.

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