Fin du port du masque : « Protégez-vous, protégez-nous ! », l’appel d’une association pour les immunodéprimés

Alors que le port du masque n’est plus obligatoire dans les lieux clos depuis le 28 février, l’association Renaloo lance une campagne pour sensibiliser sur la situation des personnes immunodéprimées qui doivent, elles, toujours faire attention à bien respecter les gestes barrières car toujours à risque d’infections malgré le vaccin.
Alexandra Bresson
Fin du port du masque : « Protégez-vous, protégez-nous ! », l’appel d’une association pour les immunodéprimés iStock/MixMedia

A bas les masques oui, mais attention aux personnes immunodéprimées. Tel le message porté par l’association de patients Renaloo, alors que depuis le lundi 28 février le port du masque n’est plus obligatoire dans les lieux de loisirs (cinéma, musées…) et restaurants soumis au passe sanitaire. Cette dernière compte lancer une campagne officielle annoncée en amont dans les colonnes du journal « Le Parisien » pour sensibiliser sur leur situation et, surtout, lancer un appel à la solidarité.

Les personnes immunodéprimées sévères, qu’elles soient transplantées, dialysées, atteintes de certains cancers ou prenant certains traitements, possèdent un système immunitaire affaibli qui ne répond pas adéquatement aux infections ou pathogènes envahissants. Ce qui signifie que leur corps ne peut pas combattre le coronavirus aussi bien qu’une personne ayant un système immunitaire fonctionnant normalement : elles restent à très haut risque vis-à-vis de l’épidémie en raison de leur fragilité et de leur réponse insuffisante à la vaccination. Ainsi, « beaucoup d’entre eux répondent insuffisamment voire pas du tout à la vaccination », indique au Parisien Yvanie Caillé, fondatrice de l’association Renaloo.

Des traitements disponibles mais peu prescrits

Ce risque supplémentaire a été mis en avant dans une étude rendue publique par EPIPHARE ce 11 février, montrant que les patients transplantés rénaux sont les plus à risque de forme grave de Covid-19 malgré la vaccination, suivis par les transplantés pulmonaires et les patients dialysés. C’est d’ailleurs pourquoi le port du masque de type FFP2 est recommandé pour les personnes immunodéprimées à risque de forme grave de Covid-19 et qu’il est possible pour eux sous certaines conditions, comme le rappelle l’Assurance maladie, de s’en procurer en pharmacie sans avance de frais, en présentant une ordonnance : 20 masques FFP2 pour 2 semaines ou 50 masques FFP2 pour 5 semaines.

Certes, ces personnes peuvent avoir accès à un traitement nommé Evusheld, mais celui-ci reste « largement sous-utilisé », déplore l’association. Selon ses chiffres, moins de 15.000 autorisations d’accès précoce ont été à ce jour délivrées, dont la moitié environ concerne des greffés rénaux. « Or, plus de 30.000 d’entre eux auraient besoin de ce traitement pour être protégés. », ajoute-t-elle. S’ajoute à cela le fait que deux traitements curatifs contre le COVID-19 sont actuellement disponibles, du nom de Xevudy et Paxlovid, mais très peu prescrits. Car le premier l’est en quantité très limitée, et son accès reste très inégalitaire.

« Le 28 février, on tombe le masque. Sérieux ? »

Le second, Paxlovid, est fréquemment contre-indiqué et son utilisation est rendue difficile en raison d’interactions avec beaucoup de médicaments, dont les traitements anti-rejet indispensables à la plupart des patients transplantés. Autant de facteurs qui amènent l’association à demander au public de continuer à porter le masque en intérieur dans les lieux soumis au passe vaccinal par solidarité. Car la mesure qui a pris effet le 28 février n’est pas sans provoquer de l’inquiétude pour ces malades, d’un point de vue sanitaire mais aussi social (sensation de stigmatisation ou d’exclusion…). Outre le port du masque, Renaloo appelle à toujours respecter les gestes barrières, même lorsqu’ils ne seront plus obligatoires.

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Des affiches seront ainsi déployées dans les prochains jours avec le slogan « Protégez-vous, protégez-nous », et un message en amont : « le 28 février, on tombe le masque. Sérieux ? » Plusieurs situations seront mises en avant, montrant des personnes âgées ou non masquées au cinéma ou à un spectacle. De son côté, Yvanie Caillé recommande aux personnes concernées de ne pas hésiter à « porter un masque FFP2, en limitant la durée d’exposition au maximum, et d’éviter les grands mouvements de foule. » Enfin, l’équipe derrière Renaloo avance une autre proposition au Parisien : que les salles de cinéma, théâtres et musées soient prompts à instaurer une séance ou un créneau dans la journée avec le masque toujours obligatoire.

le 28/02/2022