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Le Russe Dmitri Mouratov, Prix Nobel de la paix: «Le vrai danger, c’est le risque nucléaire»

Auditionné au Parlement européen, le journaliste, rédacteur en chef de « Novaïa Gazeta », refuse de s’inquiéter pour la fermeture de son journal. Un danger bien plus grand pèse sur le monde : la menace nucléaire.

Cheffe du pôle International Temps de lecture: 2 min

L’histoire a des sursauts. Et en cette période de guerre, il est bon de rappeler que le dernier Prix Nobel de la paix est russe. En pleine invasion de l’Ukraine, Dmitri Mouratov (colauréat avec la Philippine Maria Ressa) est intervenu ce jeudi lors d’une commission au Parlement européen. Et le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta a dit toute son inquiétude.

Son journal est une des dernières voix libres de Russie. Questionné sur une possible fermeture de l’organe de presse, il a balayé les inquiétudes d’une main. Ce n’est pas cela qui lui fait le plus peur : « Ce n’est pas le danger principal. La plus grande menace vient du risque réel de réponse nucléaire. Cela a été exprimé par Poutine quand il a dit qu’une intervention des Etats-Unis pourrait mener à une réponse jamais vue auparavant. Je n’exclus pas qu’à un moment donné, il pourrait être tenté d’utiliser l’arme nucléaire. » Dimanche dernier, le président Poutine est monté d’un cran dans la dissuasion nucléaire, rappelant à ses ennemis l’arsenal qu’il tient entre ses mains.

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Novaïa Gazeta (qui comptait dans sa rédaction la journaliste assassinée Anna Politovskaïa) avait été fondé avec l’appui de l’ancien dirigeant russe Mikhaïl Gorbatchev. « Je l’ai vu hier, à l’hôpital », a raconté Dmitri Mouratov. « Il vient d’avoir 91 ans et son état de santé n’est pas très bon. Il est fermement opposé à la possibilité d’une guerre nucléaire. Mais je ne sais pas qui d’autre pourrait avoir de l’influence, qui d’autre serait écouté par notre autorité... »

Dmitri Mouratov l’a martelé  : le Kremlin n’est pas les Russes. Mais « toutes les voix qui s’opposent à cette guerre sont considérées comme des criminels antipatriotiques, s’opposant au gouvernement. Toutes les critiques envers la guerre sont des trahisons étatiques, c’est horrible ». Novaïa Gazeta a publié une édition en ukrainien, en fraternité pour ce peuple frère. Mercredi, la radio L’Echo de Moscou et le média Dojd ont mis la clé sous la porte. Le Kremlin a décidé de fermer ces deux médias indépendants. Les voix libres sont désormais rares en Russie... et elles risquent gros.

 

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14 Commentaires

  • Posté par stals jean, jeudi 3 mars 2022, 13:47

    "Prix Nobel" ne donne en aucun cas le monopole de l'intelligence et n'est pas non plus un gage de sérieu ...Rappelons nous les noms des prix Nobel de la Paix et de "quel camp politique" sortent-ils ces comiques indubitablement pro-américains à tous les coups...Si danger nucléaire il y a bien, il est du type: Tchernobyl, c'est le cas de la dire. 500 réacteurs nucléaires de par le monde et même plus, servant en principe à la production d'électricité, ça oui, c'est potentiellement, le nier serait stupide, un risque d'accident nucléaire. Mais l'armement nucléaire, contrairement à ce qui s'est passé en 1945 sur le Japon quand seul l'Amérique le détenait, n'est tout simplement plus possible. que Poutine tire une seule ogive nucléaire même sur l'Ukraine, et dans l'heure Moscou d'abord sera rayé de la carte. Non l'armement nucléaire n'est plus un danger, bien au contraire...Et si d'aventure, le nouveau Raspoutine de la Grande Russie mettait s'avisait à démarrer le processus de tir de missiles nucléaires il serait tout nouveau Tsar qu'il liquidé lui aussi avant de dire ouf...L'arsenal nucléaire de Poutine, paradoxalement, contribue comme touts les autres arsenaux nucléaires de par le Monde, à rendre une guerre nucléaire parfaitement impossible, mis à part celle qui sera déclenchée depuis une autre planète...

  • Posté par Bastin Eric, jeudi 3 mars 2022, 16:22

    J'ajoute que nous ne sommes pas à l'abri d'un accident ou d'une erreur d'appréciation. Vous connaissez, je suppose, l'histoire de la fausse alerte à l'attaque nucléaire dans les années quatre-vingts (leurs systèmes d'alerte avait détecté, à tort, un départ de missiles intercontinentaux depuis les Etats-Unis). Les Russes réagiraient-ils avec le même sang-froid et la même faculté d'analyse si une chose se produisait dans le contexte actuel ?

  • Posté par Bastin Eric, jeudi 3 mars 2022, 16:15

    Puissiez-vous avoir raison, et puissent les Russes être convaincus qu'une deuxième frappe est inéluctable au cas où il procéderaient à une première frappe supposée rayer de la carte du monde tous les centres de commandements terrestres des puissances nucléaires otaniennes. Je présume qu'il existe des protocoles précis et que les commandants des sous-marins nucléaires savent comment réagir en cas d'interruption de toutes leurs communications, et que toutes les parties sont au courant, à des fins de dissuasion. Dans le cas contraire, il y a de quoi frémir ...

  • Posté par collin liliane, jeudi 3 mars 2022, 13:33

    Pourquoi certains articles ne font-ils qu'une brève apparition? Comme celui-ci: "Guerre en Ukraine: à Moscou, des oligarques dans la crainte d’un conflit qui «coûtera cher».

  • Posté par Smyers Jean-pierre, jeudi 3 mars 2022, 14:16

    Dans les rubriques "guerre en Ukraine" et "Monde"

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