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Guerre en Ukraine : la plus grande centrale nucléaire d’Europe occupée par l’armée russe, après avoir été bombardée

L’incendie qui s’était déclaré dans certains bâtiments de la centrale de Zaporijia, dans le sud-est du pays, a été maîtrisé. La sécurité nucléaire est garantie, selon les autorités ukrainiennes, et l’AIEA n’a pas relevé de hausse de la radioactivité.

Le Monde avec AFP

Publié le 04 mars 2022 à 04h23, modifié le 04 mars 2022 à 13h20

Temps de Lecture 4 min.

Une image issue des caméras de surveillance montre l’impact d’un tir russe aux abords de la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, le 4 mars 2022.

La centrale nucléaire de Zaporijia, à Enerhodar, dans le sud-est de l’Ukraine, a été touchée vendredi 4 mars par des frappes de l’armée russe, qui l’occupent depuis. Elles ont provoqué un incendie, mais la sécurité de la centrale est « garantie », selon Kiev. Il s’agit de la plus grande centrale atomique d’Europe. Dotée de six réacteurs, elle fournit une grande partie de l’énergie du pays.

« A la suite d’un bombardement des forces russes sur la centrale nucléaire de Zaporijia, un incendie s’est déclaré », a fait savoir le porte-parole de la centrale, Andreï Touz, dans une vidéo publiée sur Telegram. « La sécurité nucléaire est maintenant garantie. Selon les responsables de la centrale, un bâtiment pour les formations et un laboratoire ont été touchés par un incendie », a déclaré sur Facebook Oleksandr Staroukh, chef de l’administration militaire de la région de Zaporijia. Un temps empêchés d’intervenir par l’armée russe, les secours ont finalement pu accéder au site. « Les unités sont intervenues pour éteindre l’incendie du bâtiment pour les formations », a rapporté le service ukrainien d’urgence dans un communiqué sur Facebook, précisant qu’aucune victime n’était à déplorer et que quarante-quatre pompiers et onze véhicules étaient engagés dans l’opération. Un seul des six réacteurs est en fonctionnement.

« Le territoire de la centrale nucléaire de Zaporijia est occupé par les forces armées de la Fédération de Russie », a de son côté annoncé l’organisme de l’Etat ukrainien chargé de l’inspection des sites nucléaires.

« Terreur nucléaire »

Les niveaux de radioactivité restent toutefois inchangés sur le site de la centrale, a précisé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), selon qui aucun équipement « essentiel » n’a été touché. L’AIEA « appelle à cesser l’usage de la force et avertit d’un grave danger si les réacteurs sont touchés », a tweeté l’organisation.

Rafael Mariano Grossi, le directeur général de l’AIEA, s’est, par ailleurs, dit prêt vendredi à se rendre en Ukraine afin de négocier une solution pour garantir la sécurité des sites nucléaires mis en danger par la guerre. « J’ai fait savoir à la Fédération russe et à l’Ukraine ma disponibilité pour voyager à Tchernobyl dès que possible », a déclaré M. Grossi, lors d’une conférence de presse organisée en urgence à Vienne.

De son côté, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française a déclaré dans un communiqué, vendredi, qu’elle assurait « une veille active des informations disponibles quant à la situation des installations nucléaires sur le territoire ukrainien ».

Vue satellite de la centrale de Zaporijia, à Enerhodar, en Ukraine, le 2 septembre 2019.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé Moscou d’avoir recours à la « terreur nucléaire » et de vouloir « répéter » la catastrophe de Tchernobyl, la plus grave de l’histoire, en 1986. « Nous alertons tout le monde sur le fait qu’aucun autre pays, hormis la Russie, n’a jamais tiré sur des centrales nucléaires. C’est la première fois dans notre histoire, la première fois dans l’histoire de l’humanité. Cet Etat terroriste a maintenant recours à la terreur nucléaire », a-t-il affirmé dans une vidéo publiée par la présidence ukrainienne.

« L’Ukraine compte quinze réacteurs nucléaires. S’il y a une explosion, c’est la fin de tout. La fin de l’Europe. C’est l’évacuation de l’Europe, a poursuivi le dirigeant ukrainien. Seule une action européenne immédiate peut stopper les troupes russes. Il faut empêcher que l’Europe ne meure d’un désastre nucléaire. »

« Un renforcement immédiat de sanctions contre l’Etat terroriste nucléaire est nécessaire », a réclamé M. Zelensky dans une adresse vidéo publiée dans la matinée, en appelant également le peuple russe à « descendre dans la rue » pour dire non à ces attaques contre les sites nucléaires en Ukraine.

L’OTAN condamne les bombardements « irresponsables »

Le président ukrainien s’est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Joe Biden, au sujet de l’attaque de la centrale, a affirmé un responsable à Washington. M. Biden a « exhorté la Russie à cesser ses activités militaires dans la zone », selon un communiqué de la Maison Blanche.

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Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a condamné les bombardements « irresponsables » des forces russes, appelant à mettre fin à la guerre. « L’attaque contre une centrale nucléaire démontre le caractère irresponsable de cette guerre et la nécessité d’y mettre fin », a déclaré M. Stoltenberg, lors d’une brève intervention au côté du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et avant une réunion d’urgence des ministres des affaires étrangères de l’Alliance, au neuvième jour de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.

« Nous ne cherchons pas le conflit. Nous sommes une alliance défensive et nous défendrons notre territoire », a confirmé M. Blinken. Vendredi, le Royaume-Uni a demandé la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant « une menace à la sécurité et la stabilité » de l’Europe.

L’Union européenne va discuter vendredi de la possibilité d’imposer de nouvelles sanctions relatives aux achats de gaz et de pétrole à la Russie – qui permettent à Moscou de financer son effort de guerre –, a annoncé le chef de la diplomatie européenne. « Cette guerre est totalement injustifiée (…), nous devons rester unis et prêts à agir », a affirmé Josep Borrell à son arrivée pour la réunion à l’OTAN.

Le 24 février, des combats avaient déjà eu lieu près de l’ancienne centrale de Tchernobyl, à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, et qui est désormais entre les mains des troupes russes.

Dans des déclarations à la télévision russe jeudi, le président russe, Vladimir Poutine, n’a donné aucun espoir d’apaisement de l’offensive. « L’opération militaire spéciale se déroule strictement selon le calendrier, selon le plan », a-t-il déclaré, rendant hommage aux soldats russes et à leur « précieux combat contre des néonazis » et des « mercenaires étrangers » qui utilisent selon lui les civils comme des « boucliers humains » en Ukraine.

Le Monde avec AFP

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