C’est la première fois que l’on pourra observer de près une telle collision : un étage d’une fusée chinoise va s’écraser sur la Lune vendredi à 7 h 25, heure de Montréal. La NASA va surveiller le site avec un satellite en orbite autour de la Lune.

SpaceX ou la Chine

L’histoire a commencé début février. Bill Gray, un astronome amateur américain qui conçoit des logiciels de simulation cosmique, a annoncé qu’un étage de fusée de SpaceX lancée en 2015 s’écraserait sur la Lune début mars. « Mais deux semaines plus tard, un gars du Jet Propulsion Laboratory de la NASA m’a dit qu’il y avait quelque chose de bizarre dans mes calculs de la trajectoire de cet étage de SpaceX, dit M. Gray. Je l’avais situé près de la Lune peu après le lancement, mais ça n’avait pas de sens. Alors, j’ai replongé dans les archives et j’ai compris que c’était plutôt un étage de la fusée de la mission chinoise Chang’e 5-T1, lancée quelques mois plus tôt [qui s’écraserait]. » Chang’e 5-T1 a testé une capsule de retour d’échantillons lunaires, utilisée en 2020 pour la vraie mission Chang’e 5.

Dénégations chinoises

PHOTO FOURNIE PAR BILL GRAY

La zone de la Lune où va s’écraser la fusée vendredi, avec le lieu de l’impact indiqué par une croix verte

La Chine n’a pas mis longtemps à réagir. « Ils ont nié que c’était leur fusée qui allait s’écraser sur la Lune, dit M. Gray. Ils ont mélangé deux missions, Chang’e 5-T1 et Chang’e 5. Et ils ont cité des données d’un escadron de contrôle spatial [des États-Unis] faisant état de la rentrée dans l’atmosphère terrestre de l’étage de fusée de Chang’e 5-T1 en octobre 2015, un an après son lancement. Mais il s’agit d’une prédiction faite par l’escadron au lancement, qui n’est pas très fiable. On a, au contraire, des données de suivi par des observateurs d’astéroïdes qui montrent que l’étage de fusée de Chang’e 5-T1 n’est pas rentré dans l’atmosphère terrestre en 2015. »

L’orbiteur américain

IMAGE FOURNIE PAR LA NASA

L’orbiteur de reconnaissance lunaire de la NASA

M. Gray a envoyé à la NASA les coordonnées de l’impact lunaire pour qu’elle réoriente son Orbiteur de reconnaissance lunaire (LRO), afin qu’il observe l’évènement en direct. « Ça n’a pas été possible, mais on va pouvoir voir le site dans les jours suivants ou les semaines suivantes », dit M. Gray. Selon Alain Vézina, de la Société d’astronomie du Planétarium de Montréal, cet impact est intéressant pour la compréhension du comportement du sol lunaire. « On va voir le nuage de poussière, comment il va retomber, et le cratère. » LRO est en orbite autour de la Lune depuis 2009.

Les fusées Apollo

PHOTO FOURNIE PAR LA NASA

Le cratère d’impact de l’étage de fusée Apollo 16 découvert en 2016

Cinq étages de fusées Apollo ont été identifiés sur la Lune, s’y étant écrasés quelques jours après leur lancement. LRO a identifié quatre des cinq cratères d’impact peu après son lancement, puis celui d’Apollo 16 en 2016. Ce dernier n’avait pas pu être retrouvé facilement parce que le contact avec la Terre avait été perdu quelques heures avant l’impact. Il se trouvait finalement à 30 km du lieu prédit.

En savoir plus
  • 40 mètres
    Diamètre du cratère d’impact de l’étage de la fusée d’Apollo 16 qui s’est écrasé sur la Lune en 1972
    SOURCE : NASA