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Guerre en Ukraine: après le coup de fil Poutine-Macron, l’Elysée estime que «le pire est à venir»

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le président russe a dit à son homologue français être prêt à aller «jusqu’au bout». Selon Paris, le maître du Kremlin aurait bien l’intention de «prendre le contrôle de la totalité de l’Ukraine».
par Frédéric Autran
publié le 3 mars 2022 à 15h05
(mis à jour le 3 mars 2022 à 16h43)

Pour la troisième fois depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone avec Vladimir Poutine, ce jeudi matin. Cet échange d’environ une heure et demie, «à la demande du président russe» précise une source à l’Elysée, n’offre aucun motif d’espoir. Au contraire : «Rien dans ce qu’il a dit aujourd’hui n’est de nature à nous rassurer», ajoute un proche conseiller du chef de l’Etat, pour qui «le pire est à venir».

Au cours de la conversation, Vladimir Poutine, enfermé dans sa lecture révisionniste de l’histoire des «trente dernières années» et obsédé par ses revendications «inacceptables»dont la «démilitarisation» et la «neutralisation» de l’Ukraine –, a assuré que «les opérations militaires se poursuivaient au rythme qu’il souhaitait» et affiché sa «détermination» à les mener «jusqu’au bout».

Selon Paris, le maître du Kremlin aurait bien l’intention de «prendre le contrôle de la totalité de l’Ukraine». Selon la même source à l’Elysée, Emmanuel Macron, qui tutoie son homologue russe, a invité ce dernier à «cesser de se mentir». Et lui a déclaré : «Tu te racontes des histoires, tu cherches un prétexte dans tous les cas. Ce que tu me dis n’est pas conforme à la réalité et ne peut justifier ni les opérations militaires en cours, ni le fait que ton pays va finir isolé, affaibli et sous sanctions pour une période très longue.»

«Continuer à dialoguer»

De son côté, le Kremlin indique que Poutine a dit à Macron son intention de poursuivre «sans faire de compromis son combat contre les membres des groupes nationalistes» en Ukraine. Au cours de cette conversation qualifiée de «franche» par Moscou, Poutine aurait également exprimé «son désaccord» avec l’allocution prononcée la veille par son homologue français, et menacé d’ajouter des «exigences supplémentaires» à sa liste de demandes envers Kyiv.

Répondant aux critiques et aux interrogations sur la pertinence de continuer à discuter directement avec Vladimir Poutine, l’Elysée affiche la «volonté assumée» du président de la République de «continuer à dialoguer pour préserver les civils et obtenir des gestes humanitaires». Y compris en l’absence, pour l’heure, de tout geste ou toute parole d’apaisement de la part du Kremlin. «Il y a certes un refus à ce stade du président Poutine de cesser ses attaques mais la France va continuer son action diplomatique. Le Président considère qu’il est absolument nécessaire de rester au contact pour éviter le pire», précise l’exécutif, qui indiquait il y a quelques jours que les autorités de Kyiv avaient explicitement demandé à Paris de maintenir une ligne de communication avec Moscou.

Dans la foulée de son entretien avec Poutine, Emmanuel Macron a d’ailleurs téléphoné à son homologue ukrainien. Tout en soulignant qu’il était toujours ouvert au dialogue, Volodymyr Zelensky a répété au chef de l’Etat français que «les Ukrainiens ne se rendraient pas» et qu’il «n’était pas possible de négocier avec un pistolet sur la tempe». Jeudi après-midi, le chef de l’Etat ukrainien, déterminé à rester dans la capitale Kyiv, a mis en garde ses alliés européens, estimant que si l’Ukraine tombait, la Russie s’en prendrait ensuite aux pays baltes et à l’Europe de l’Est.

Mise à jour : actualisé à 16h45 avec précisions de l’Elysée et mise en garde de Volodymyr Zelensky.

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