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Santé

La mystérieuse mort de Champollion, l'homme qui décrypta les hiéroglyphes

Selon plusieurs théories, Jean-François Champollion serait mort d'une infection parasitaire contractée en Égypte. Mais un chercheur britannique dévoile une toute autre explication.

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La mystérieuse mort de Champollion, l'homme qui décrypta les hiéroglyphes

Jean-François Champollion, lorsqu'il déchiffra les hiéroglyphes de la pierre de Rosette.

© MARY EVANS/SIPA

Né en 1790, le français Jean-François Champollion est considéré comme l'un des plus grands linguistes de tous les temps. Il est le premier à être parvenu à déchiffrer les hiéroglyphes. Il meurt brutalement en 1832 à l'âge de 41 ans en France, après avoir passé une année en Égypte. Mais de quoi ? Difficile de le savoir puisqu'à l'époque, sa famille refuse toute autopsie.

Le Dr Hutan Ashrafian, médecin et chercheur de l'Imperial College de Londres, avance une nouvelle théorie : selon son étude récemment publiée dans la revue Clinical Neurophysiology, le père de l'égyptologie aurait été victime d'une sclérose latérale amyotrophique (SLA, encore appelée "maladie de Charcot"), une maladie neurologique due à la dégénérescence des neurones moteurs, cellules du cerveau et de la moelle épinière qui ont pour fonction de transmettre aux muscles les ordres donnés par le cerveau. De moins en moins sollicités, les muscles finissent par s'atrophier, jusqu'à la paralysie complète du patient. 

Des symptômes caractéristiques de la maladie de Charcot

À l'époque, le décès de Champollion est attribué à une attaque, liée à un épuisement professionnel. Par la suite, une deuxième hypothèse fut évoquée : l'égyptologue serait décédé des conséquences d'une bilharziose, maladie infectieuse provoquée par des vers parasites présents dans certaines eaux douces des zones tropicales. Mais pour le chercheur britannique, cette théorie n'est pas crédible. "Lors de son séjour d'un an en Egypte, il n'est mentionné nulle part dans les écrits de l'époque et les ouvrages de référence sur Champollion qu'il ait contracté une maladie infectieuse et qu'il ait souffert de fièvre ou de troubles du système lymphatique (ndlr : des symptômes caractéristiques d'une maladie infectieuse)", explique t-il dans son étude.

En revanche, plusieurs symptômes apparus dans les dernières années de sa vie corroborent la théorie de la SLA, selon lui. "Avant son voyage en Égypte, en 1828, Champollion ressentait des faiblesses dans les bras, des spasmes et des crampes, l'empêchant par exemple d'écrire de longues lettres. Ces symptômes se seraient même aggravés à son retour à Paris en 1829", décrivent-ils. De plus, il aurait éprouvé des difficultés d'élocution lors des conférences qu'il donnait en tant que professeur d'égyptologie, et aurait développé une toux sévère due à des infections pulmonaires récurrentes. Des symptômes qui peuvent se développer dans le cas d'une SLA. 

Victime du syndrome d'enfermement

Mais le plus flagrant pour le chercheur se déroule quelques semaines avant la mort de Champollion : celui-ci aurait présenté les caractéristiques du syndrome d'enfermement ("locked-in syndrome") et du syndrome pseudobulbaire, c'est-à-dire des rires ou des pleurs incontrôlables. Deux symptômes souvent présents chez les personnes atteintes de SLA. 

Enfin, le médecin n'évoque pas de goutte (forme particulière d'arthrite qui provoque des crises récurrentes de vives douleurs à une ou quelques articulations), comme cela a été évoqué par des recherches précédentes, mais plutôt des fasciculations (brèves secousses musculaires involontaires), qui pourraient aussi être une conséquence de la SLA. "En conclusion, au vu de tous ces symptômes, et de son jeune âge lors de son décès, Champollion est probablement mort des suites d'une sclérose latérale amyotrophique", juge t-il.

Un autre diagnostic est probable, selon cette étude : la maladie du neurone moteur, une affection neurologique dégénérative très grave, mais bien plus rare que la SLA. Bien que l'auteur conclue :"c'est un génie de plus touché par cette maladie", il manque tout de même quelques preuves formelles d'une perte de capacités cognitives, ou encore d'antécédents familiaux, pour valider sa théorie.

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