La nouvelle a été célébrée par les Nations unies ce lundi 7 mars. Les Philippines ont relevé l’âge légal du consentement sexuel à 16 ans, contre 12 ans auparavant.

Les adultes ayant des rapports sexuels avec des personnes âgées de moins de 16 ans sont donc désormais passibles de poursuites pour “détournement de mineur”. Une exemption est prévue pour les couples d’adolescents, à condition que l’écart d’âge ne dépasse pas trois ans et que les relations sexuelles soient consenties.

Cette décision “historique”, pour reprendre les termes de CNN, doit permettre de renforcer une législation longtemps jugée insuffisante contre les violences sexuelles sur mineurs.

“Avant l’approbation de cette loi, l’âge légal du consentement aux Philippines était le deuxième plus bas au monde, après celui du Nigeria, où il est de 11 ans”, rappelle le média américain, qui cite un rapport de l’association Child Rights Network. Selon une étude de l’Unicef datant de 2015, environ 17 % des Philippins âgés de 13 à 17 ans ont déjà subi des violences sexuelles.

“Epicentre mondial des crimes sur mineurs”

Si le changement de législation est une bonne nouvelle, la situation des mineurs aux Philippines demeure néanmoins problématique, assure le Time, pour qui le pays est aujourd’hui “l’épicentre mondial des crimes sexuels sur mineurs”. 

D’après l’hebdomadaire américain, “les victimes ont souvent du mal à se confier sur les abus qu’elles subissent, parfois au sein de leur propre famille, alors qu’elles évoluent dans une société philippine conservatrice tournée vers les valeurs familiales”.

En septembre 2020, la Cour suprême du pays avait ainsi acquitté un homme accusé d’abus sexuels, après avoir mis enceinte une enfant de 12 ans. L’accusé avait 27 ans au moment des faits, mais la Cour avait jugé préférable de “ne pas priver ses enfants d’une vie de famille normale” en le condamnant.

Plusieurs ONG demandent désormais une réforme plus globale du système judiciaire du pays, pour lutter contre “la culture du silence” qui entoure les violences pédocriminelles aux Philippines. “La justice y est connue pour être particulièrement lente, avec trop peu de tribunaux et un nombre trop important d’affaires, qui peuvent prendre plusieurs années, voire décennies, avant d’être examinées”, explique le Time.

La parlementaire Risa Hontiveros, à l’origine de la loi sur l’âge du consentement sexuel, approuve : “On peut passer toutes les lois du monde, mais elles ne vaudront quelque chose que si elles sont respectées, surtout lorsqu’il s’agit de nos enfants.”