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8 mars : "Le problème avec les féminicides, c'est l'absence de la puissance publique"

par Mathilde Wattecamps ,
8 mars : "Le problème avec les féminicides, c'est l'absence de la puissance publique"© GettyImages-627568448
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Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, revient pour le 8 mars sur la notion de féminicide.

Au fur et à mesure de l’inscription dans le débat public de la lutte concrète contre les violences faites aux femmes, le terme de féminicide a fini par s’imposer. Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, qui fête ses 6 ans en 2022, revient avec aufeminin sur ce terme.
Comment se fait le décompte en 2022 des féminicides, et que recouvre concrètement cette réalité ?

Anne-Cécile Mailfert : "Aujourd’hui un décompte est fait au jour le jour. En l’absence de décompte officiel fait par l’État, des collectifs féministes se sont organisés pour compter grâce aux articles de presse. Certains recensaient les féminicides dans le cadre de la conjugalité, étant donné qu’en réalité, la définition des féminicides est plus large que ce cadre, si on reprend la définition du féminicide : tuée en raison de son sexe, tuée parce qu’elle est femme. En réalité, il y a plein d’autres situations où les femmes sont tuées en raison de leur genre, et pas forcément par leur conjoint ou leur ex. Par ailleurs, certains collectifs prennent aussi en compte les personnes trans qui sont tuées, parce qu’elles sont trans et qu’elles sont femmes, sans restreindre la définition au féminicide conjugal. Ces collectifs ne comptent pas exactement la même chose : l’un compte les féminicides dans le couple, liés à des violences conjugales et d’autres comptent les féminicides dans la société due aux violences faites aux femmes en général.

Le problème qu’on a là, c’est celui d’une puissance publique absente, il faudrait qu’on ait une définition reconnue par l'État, et si on veut une politique publique efficace, il faut un décompte plus régulier. Aujourd’hui, on a un décompte des homicides conjugaux qui n’est fait qu’une fois par an par le ministère de l’Intérieur, qui dit combien il y a de femmes et d’hommes qui ont été tués dans le cadre des homicides conjugaux. C’est le seul décompte de l'État, mais il faudrait qu’il puisse être fait beaucoup plus régulièrement et qu’il y ait une définition officielle."

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Les priorités à avoir pour l’élection présidentielle

Que demandez-vous aux candidats et candidates à l'élection présidentielle ?

Anne-Cécile Mailfert : "Il faut que les candidats s’engagent déjà à mettre un milliard sur les violences conjugales, et aussi sur notre plan d’urgence contre les inégalités femme-homme. Notre plan d’urgence, ce sont huit mesures d'égales importances à réaliser dans les cent jours , car ces cent premiers jours d’un quinquennat permettent d’acter les choses.
Dans nos mesures, il y a par exemple la création de tribunaux spécialisés sur les violences faites aux femmes, pour que les choses soient mieux jugées et mieux faites, que les personnes soient mieux accueillies. On propose également un vrai accélérateur sur les inégalités salariales avec une vraie revalorisation des métiers féminisés. Grâce à une sorte de Grenelle de l’égalité salariale, on pourrait avoir des négociations de branche, et on pourrait revaloriser les métiers féminisés, qui sont sous-payés et ont des conditions de travail qui ne sont vraiment pas terrible. Cela nécessite d’avoir toute une réflexion sur "comment on fait pour aider les femmes à s’orienter dans les secteurs dits d’avenir". Cela peut passer notamment par une réflexion sur le faible nombre de filles dans les filières mathématiques au lycée."

La Fondation des Femmes a pour cela lancé un train de l'égalité, qui a sillonné la France du 26 février 2022 au 7 mars 2022, afin de rencontrer les citoyens et citoyennes, "pour pour que résonnent les droits des femmes et la voix des associations sur tout le territoire". Prochaines étapes : la rencontre de chaque candidat, afin d'obtenir de réelles promesses de leur part.

Mathilde Wattecamps
journaliste société
Missions : Mathilde est experte des sujets liés aux droits des femmes et à la santé. Accro à Instagram et Twitter, jamais avare d'un bon …
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