Le vrai visage du "Cri" de Munch

Le vrai visage du "Cri" de Munch.
Le vrai visage du "Cri" de Munch.
Le vrai visage du "Cri" de Munch
Publicité

Le vrai visage du "Cri" de Munch

Par

Cette œuvre terrifiante est l’un des tableaux les plus connus au monde. Mais saviez-vous qu’il est inspiré d'une momie péruvienne découverte en 1877 ?

Le Cri est peint en 1893 par le Norvégien Edvard Munch. Il n’est qu’enfant quand sa mère et sa sœur meurent de tuberculose. Lui-même est de santé fragile. Son père l’élève seul. Il l'éduque en lui racontant de nombreuses histoires de fantômes. Ces récits marquent le jeune Edvard. Ses œuvres révèleront ensuite son obsession pour la mort, la maladie ou l’angoisse. Pionnier de l'expressionnisme, il cherche à dépeindre les choses non plus comme il les voit, mais comme il les ressent.    

Fin 1889, l’État norvégien lui accorde une bourse d’artiste pour trois ans. Il choisit de s’installer à Paris. Il y rencontre Monet, Pissarro et se lie d'amitié avec Van Gogh. Ensemble, ils visitent l’exposition universelle de 1889. Les galeries exposent des objets venus d'un ailleurs fantasmé. 

Publicité

Et notamment, une momie péruvienne, acheminée en France quelques années plus tôt. Sa vision horrifique inspire à Munch son plus célèbre tableau : le Cri.

Une momie rapportée du Pérou en 1877

En 1877, des explorateurs français découvrent cette momie dans un mausolée au cœur de la jungle péruvienne. 

C’est une momie qui provient des Andes, d’un peuple qui s’appelait les "Chachapoyas", ce qui signifie "les guerriers des nuages". C’est un peuple contemporain des Incas, donc qui se trouve entre le Xe et le XIVe siècle de notre ère.   
André Delpuech, directeur du Musée de l'Homme. 

Il s’agirait du corps d’un homme d’une vingtaine d’années, probablement mort d’une maladie pulmonaire.   

Cette momie andine est saisissante dans ce face-à-face avec ce personnage qui nous regarde. Elle est en position classique des momies péruviennes, qui est une position de fœtus, c'est-à-dire en position hyper contractée. Les genoux sont repliés sur le torse de manière très ferme, les deux bras sont pliés le long du corps avec les deux mains qui se posent sur la mâchoire de l'individu. D'ailleurs on voit qu'il y a une corde qui reste encore qui lie le personnage pour ne pas bouger. 

Cette position fœtale symbolise la nouvelle naissance de l’individu dans l'au-delà.   

Son visage est très expressif, avec cette bouche ouverte, mais il faut faire attention à cette expression, ça c'est finalement la manière dont il s’est figé dans la mort.  

Une momie qui inspire

Dès 1882, la momie est ramenée et exposée à Paris, au Musée de l’ethnographie. Là, elle inspire de nombreux artistes. Comme Paul Gauguin, pour La Misère Humaine (1889), ou son Éve Bretonne (1889). Munch peint son "Cri" en 1893. Quatre ans après avoir vu la momie. 

Ces œuvres s’opposent à l’académisme de l’époque. Munch veut illustrer l’angoisse et le malaise de la civilisation occidentale, mais aussi sa critique de la modernité et de la révolution industrielle. Il inspirera de nombreux artistes tout au long du XXe siècle. Mais, à l’époque, qualifiée "d'anarchiste”, son exposition de Berlin est annulée. Dans les années 1930, les nazis dénoncent cet “art dégénéré”. Les productions de Munch sont interdites et vendues aux enchères. 

Pourtant, l’art de Munch a traversé les siècles et les continents, et son "Cri" est un sujet de réappropriation infini. Ces détournements sont autant d'hommages à la devise de Munch : 

Nous tommes tous propriétaires d'une œuvre d'art".