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Les utilisateurs de Tinder pourront vérifier le casier judiciaire de leurs «matchs»

L'application de rencontre Tinder a annoncé mercredi qu'elle allait offrir à ses utilisateurs aux États-Unis la possibilité de vérifier le casier judiciaire des personnes pour lesquelles ils manifestent un intérêt, un outil censé renforcer la sécurité de la plateforme, même si certains experts doutent de son efficacité.

Cette fonctionnalité découle d'un partenariat avec Garbo, un site à but non lucratif permettant de faire des recherches sur des antécédents judiciaires comme les comportements violents ou dangereux et les délits sexuels via des données publiques, dans lequel Match Group, la maison mère de Tinder, a investi l'an dernier.

Concrètement, les membres américains de Tinder pourront accéder à Garbo depuis l'appli, puis y entrer des informations basiques sur leur "match" (prénom et numéro de téléphone). Si plusieurs résultats correspondent, Garbo demandera des informations complémentaires, dont l'âge de la personne.

Si des antécédents judiciaires sont avérés, les utilisateurs seront incités à les signaler à Tinder. Des ressources en ligne seront également disponibles.

«Le meilleur indicateur de violences ou d'abus à venir, ce sont les antécédents révélant ce type de comportement», affirme dans un communiqué Kathryn Kosmides, la fondatrice de Garbo.

«Qu'il s'agisse de rencontres en ligne ou des dizaines d'autres façons de rencontrer des étrangers à l'ère numérique moderne, nous devons savoir si nous mettons potentiellement notre sécurité en danger», ajoute-t-elle.

Au-delà des deux premières requêtes gratuites, chaque recherche sera facturée 2,50 dollars plus des frais de traitement. L'argent collecté servira à financer les activités de Garbo.

Pour Sarah Lageson, professeure associée à l'École de justice pénale de l'université Rutgers-Newark, cette nouvelle fonctionnalité «a le potentiel de dissuader des personnes nuisibles d'utiliser l'appli, ce qui pourrait améliorer la sûreté des rencontres en ligne à court terme».

«Mais d'un autre côté, la plupart des gens qui manifestent un comportement nuisible n'ont pas de casier judiciaire. Se baser sur le système pénal, avec tous les défauts qu'on lui connaît, n'est peut-être pas l'outil le plus utile pour évaluer le risque posé par un étranger.»

L'universitaire souligne le caractère incomplet des informations présentes dans les casiers judiciaires ainsi que leur biais racial, conséquence des inégalités face à la justice américaine.

«Beaucoup de prédateurs sexuels blancs n'ont pas de casier judiciaire tandis que de nombreuses personnes noires en ont un qui est erroné ou injuste», affirme Mme Lageson.

Garbo précise ne pas prendre en compte certains délits comme la possession de drogues ou le vagabondage.

Le risque principal, estime Nicole Bedera, chercheuse spécialisée sur les violences sexuelles, est de créer un «faux sentiment de sécurité» pour les utilisateurs de Tinder.

«Il y a de nombreuses barrières structurelles dans le système pénal qui permettent à des violeurs puissants et privilégiés de ne pas avoir à rendre de compte», résume-t-elle.

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