Accueil A la Une

Le score de Benoît Hamon était une catastrophe en 2017, Anne Hidalgo en rêve aujourd’hui

Il y a 5 ans, Benoît Hamon rassemblait 6,36 % des suffrages exprimés. A l’époque, une catastrophe. Aujourd’hui, pour le Parti socialiste, c’est un rêve...

Temps de lecture: 4 min

À un mois de la présidentielle, la candidate PS Anne Hidalgo reste, malgré une multitude de déplacements, dans les bas-fonds des sondages, ce qui démoralise une partie de ses troupes qui espère désormais surtout atteindre les 5 % d’intention de vote, seuil de remboursement des frais de campagne.

Alors qu’elle tient vendredi un nouveau meeting à Rennes, où sont attendues un millier de personnes, la candidate socialiste, partie autour de 9 % en septembre, stagne désormais autour de 2%, dépassée même par le communiste Fabien Roussel voire Jean Lassalle.

Celle qui répète à l’envi qu’elle ira jusqu’au bout, appelait la semaine dernière le PS à « lâcher toutes (ses) forces dans la bataille », assurant que « le moment du doute (était) terminé ».

Mais, signe de l’étendue de la sinistrose, le seuil des 5 % d’intention de vote est devenu le Graal à atteindre, en dessous des 6,36 % de Benoît Hamon en 2017, jugés alors catastrophiques.

« L’enjeu c’est d’imposer nos valeurs et d’aller chercher les 5 % », avoue à l’AFP un cadre du PS, car « je ne vois pas comment on peut passer de 2-3 % à 10 % ».

« La guerre en Ukraine cristallise les choses. Les gens de gauche, qui sont déjà chez Macron, vont rester chez lui », analyse-t-il.

« 5 % c’est atteignable », assure un autre cadre. « C’est même souhaitable, on ne peut pas donner le signal de l’anéantissement de la gauche sociale ».

Pour Jean-François Debat, maire PS de Bourg-en-Bresse et membre de l’équipe de campagne de la candidate, « le vrai sondage, c’est le 10 avril. Il y a toujours une part d’électeurs de gauche très indécis. Il faut mobiliser ceux qui n’ont pas l’intention de voter Emmanuel Macron ni Jean-Luc Mélenchon », le candidat insoumis.

« C’est déprimant »

Pour cela, le PS va organiser 577 réunions publiques à travers le pays, comme le nombre de circonscriptions. Et les maires socialistes vont adresser un courrier à leurs électeurs pour tenter de les convaincre.

« C’est déprimant. C’est notre candidate et il faut se ranger derrière elle, mais j’aimerais qu’elle imprime un peu », avoue à l’AFP Christine, 65 ans, adhérente de Charente.

Le sénateur nordiste PS Patrick Kanner le reconnaît : « les militants sont un peu déboussolés car ça n’accroche pas » alors qu’Anne Hidalgo déploie depuis des mois les thèmes au cœur des inquiétudes des Français : « pouvoir d’achat, santé, école ».

« C’est une situation inédite pour notre camp, à n’avoir jamais été aussi en phase avec les préoccupations, sans avoir la capacité d’imprimer » dans l’électorat, souligne Sébastien Vincini, maire de Cintegabelle et porte-parole de la candidate.

Inébranlable, Anne Hidalgo continue d’enchaîner les déplacements à un rythme soutenu. Mais certains au sein du PS, critiquent la maire de Paris : « On ne peut pas faire une campagne consensuelle quand on est à son niveau », estime un responsable. « A 18 %, vous pouvez être calme, sérieux, vous êtes crédible. A 3 % vous êtes chiant pour rien. »

« Ça la tire vers le bas, il n’y a pas d’idées, pas de programme, elle n’incarne pas. »

Anne Hidalgo attaque pourtant, critiquant depuis plusieurs jours Jean-Luc Mélenchon, qu’elle accuse d’avoir « toujours eu des positions de soutien à Vladimir Poutine » et invitant les électeurs à « un vote de conviction » autour de sa candidature « de gauche républicaine et européenne ».

D’autres mettent en cause le Parti socialiste qui la « plombe », selon François Rebsamen, maire PS de Dijon qui soutient Emmanuel Macron. « Ça la tire vers le bas, il n’y a pas d’idées, pas de programme, elle n’incarne pas ».

Il aurait fallu « s’unir avec d’autres »

Pour Paul Dhaille, des Radicaux de gauche, le PS paye d’avoir « hésité entre deux lignes : rejeter ou soutenir le quinquennat Hollande. La ligne de crête "ni l’un ni l’autre", n’est pas possible ».

« Le parti aurait dû réaliser qu’il n’était plus en mesure de proposer une candidature à la présidentielle et trouver les moyens de s’unir avec les écologistes » ou d’autres, a jugé sur Franceinfo Gaspard Gantzer, ex-conseiller de François Hollande.

Pour Sébastien Vincini, « ce n’est pas la première fois que le PS est confronté à une déflagration historique ». « A l’évidence, il faudra faire différemment, se réinventer. C’est aussi enthousiasmant ».

Lire aussi

A lire aussi

Voir plus d'articles