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À la découverte de la sculpture du Sud-Ouest du Congo, si riche (et méconnue)

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Publié le , mis à jour le
Présentée au musée du quai Branly jusqu’au 10 avril, l’exposition « La Part de l’ombre » explore la production artistique d’une vaste région jusqu’ici peu étudiée et exposée : le Sud-Ouest du Congo. L’occasion de découvrir la diversité et la beauté d’objets sculptés en bois, aux usages pluriels.
Masque Mbala
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Masque Mbala

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© Collection MRAC Tervuren ; photo J.-M. Vandyck, MRAC Tervuren

D’entrée de jeu, le texte introductif précise l’envergure de la région abordée par « La Part de l’ombre » : le Bandundu, ancienne province de la République Démocratique du Congo, s’étend sur une superficie plus grande que celle de l’Italie tout entière, et concentre aujourd’hui 28 millions d’habitants. Il englobe l’actuelle Kinshasa, le Kwango, le Kwilu et le Mai-Ndombe ; surtout, la région se trouve au croisement de plusieurs aires culturelles, comme les mongo et kongo, c’est pourquoi les 160 objets du parcours jouissent de différentes influences plastiques, qui font leur richesse.

À gauche : Masque hemba ; À droite : Pendentif Gikho
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À gauche : Masque hemba ; À droite : Pendentif Gikho

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© Photo : Olivier Desart pour le musée international du carnaval et du masque / © Maureen Vincke

160 objets et quasiment autant d’emplois : masques, outils de pouvoir conservés au sein du trésor du chef, éléments architecturaux, pendentifs, armes, mobilier sculpté… Difficile de résumer en quelques mots leurs fonctions, tant elles sont variées. Certains d’entre eux sont liés à la chasse ou à la guérison, mais également à la musique, à l’image d’une imposante statue emumu figurant un lion. Doté de parties démontables, cet accessoire chorégraphique était utilisé à l’occasion du bobongo, une performance qui combine chants, danses, acrobaties et théâtre, née au XIXe siècle dans la région du lac Maï-Ndombe, au nord de l’ancienne province du Bandundu.

Masque Pwo
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Masque Pwo

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© Photo Studio R. Asselberghs – F. Dehaen, MRAC Tervuren

L’exposition donne également à voir des objets rituels fabriqués en mémoire des ancêtres : c’est le cas de ce masque pwo, finement réalisé, rendant hommage à un ancêtre féminin, arboré par des hommes dont l’identité était gardée secrète, pendant des rites d’initiation. Les gens de pouvoir – religieux ou politique – du Sud-Ouest du Congo s’entouraient d’objets sculptés qui disaient leur importance. On découvre, par exemple, des appui-nuques sophistiqués, courants chez les peuples teke, yaka et suku, sur lesquels apparaissent de petites cariatides sculptées : ils étaient parfois utilisés pendant le sommeil pour préserver la beauté de coiffures élaborées. À leurs côtés, des coupes à boire et des assises au rôle primordial : celles-ci étaient associées à des rituels très codifiés, puisque la façon dont chacun s’asseyait avait un sens précis, et reflétait à la fois son rang social et sa puissance.

Appui-nuque
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Appui-nuque

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© Collection MRAC Tervuren ; photo J.-M. Vandyck, MRAC Tervuren

Datant pour la plupart d’une période allant de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle,  les œuvres nous racontent l’histoire de cette région, de ses habitants et des conflits qui l’ont traversée. Le parcours éclaire notamment la révolte des Pende (1931), des travailleurs sous-payés et victimes de violences, dont le soulèvement fut durement réprimé par l’administration coloniale belge.

Pour compléter cet éclairage historique, l’exposition propose également un panorama de la recherche scientifique de l’époque coloniale aux années 1970. Malgré ces travaux, des zones d’ombre demeurent et certains objets restent aujourd’hui encore peu documentés. Des territoires artistiques et culturels qui ne sauraient être réduits aux masques, certes emblématiques, ne demandent qu’à être explorés et mieux appréhendés. Voilà l’ambition de cette exposition, à découvrir jusqu’au printemps.

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La Part de l’ombre. Sculptures du sud-ouest congolais

Du 14 décembre 2021 au 10 avril 2022

www.quaibranly.fr

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