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3 Français sur 4 désormais favorables à la légalisation de la GPA en France

Une femme enceinte en consultation (photo d'illustration)

Une femme enceinte en consultation (photo d'illustration) - Philippe Huguen-AFP

Selon une étude de l'Ifop, 75% des personnes interrogées approuvent cette mesure pour les couples hétérosexuels et 59% pour les couples homosexuels.

En un peu moins d'une dizaine d'années, l'adhésion des Français à la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) a fait un bond.

Selon une étude de l'Ifop réalisée pour le magazine Têtu et l'Association des familles homoparentales (AFDH) à paraître ce vendredi, 75% des personnes interrogées se déclarent favorables à la légalisation de cette technique de procréation pour les couples hétérosexuels. En juin 2021, la proportion était de 66%. Pour les couples homosexuels, ce sont 59% des sondés qui approuvent cette mesure, contre 53% en juin 2021.

La première mesure de l'institut sur ce libellé remonte à octobre 2014. À l'époque, alors que la loi Taubira ouvrant le mariage à tous les couples avait été promulguée un an auparavant, 60% des sondés se disaient favorables à la légalisation de la PMA pour les couples hétérosexuels et 41% pour les couples homosexuels.

Décalage entre l'opinion et la politique

Si l'opinion publique semble donc très largement en faveur d'une évolution législative, aucun candidat à la présidentielle d'avril ne prévoit à ce stade une telle mesure dans son programme.

En 2017 déjà, Emmanuel Macron s'était déclaré, lors d'un entretien accordé à Têtu, défavorable à la légalisation de la GPA, mais pour "permettre la reconnaissance des enfants nés par GPA à l'étranger". En 2019, la Cour de cassation avait consacré la reconnaissance automatique de la filiation pour les deux parents d'un enfant né d'une GPA à l'étranger.

En juin 2021, aussi auprès de Têtu, Jean-Luc Mélenchon avait évoqué sa "position paradoxale" en se déclarant favorable à la reconnaissance des enfants nés d'une GPA à l'étranger, mais contre la légalisation de ce mode de procréation en France.

"On avait déjà observé un petit peu des effets de palier en 2018. Là, on voit qu'il y a une progression significative en un peu plus d'un an. C'est assez fort et ça montre qu'il y a un décalage, un hiatus entre l'opinion des Français sur ce sujet, qui est de plus en plus consensuelle, et, paradoxalement, une classe politique qui dans sa quasi totalité aujourd'hui ne porte par ce débat de la GPA", souligne auprès de BFMTV.com François Kraus, directeur du département Politique et Actualités à l'Ifop, et responsable du pôle Genre, sexualités et santé sexuelle.

Division sur la question de la rémunération des mères porteuses

Pour le sondeur, cette évolution de l'opinion pourrait notamment "suivre un phénomène de banalisation qui peut être dû à la PMA", qui a été ouverte à toutes les femmes, célibataires comme en couple, après avoir été votée par le Parlement en juin 2021. Il s'agissait d'une promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2017, déjà promise par François Hollande en 2012 mais non suivie d'effets.

Selon cette même enquête, l'image des femmes qui accepteraient d'être mère porteuse est aussi en nette amélioration, puisque 77% des personnes interrogées auraient une bonne opinion.

En revanche, la société semble plus divisée sur la question de la rémunération de ce mode de procréation. D'après l'étude de l'Ifop, 52% des personnes sondées sont pour une seule indemnisation des frais liés à la grossesse, contre 48% qui sont favorables à une rémunération.

"La ligne de fracture est moins que le principe de la GPA que sur ses modalités", souligne ainsi François Kraus.

Etude réalisée par l'Ifop pour le magazine Têtu et l'Association des familles homoparentales (AFDH). L'enquête a été menée sur un échantillon de 1503 personnes représentatif de la population française, selon la méthode des quotas. Les interviews ont été réalisées du 10 au 22 février 2022, par questionnaire auto-administré.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV