Les Russes peuvent s’informer sur le darknet, mais est-ce utile ?

application twitter ©AFP - Kirill KUDRYAVTSEV
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A l'heure de la guerre et des restrictions sur les réseaux sociaux occidentaux en Russie, Twitter vient d'ouvrir un accès sur le darknet pour permettre à ses utilisateurs de continuer de s'informer. Une initiative louable mais compliquée à mettre en place.

Avec
  • Nicolas Arpagian Vice-Président du cabinet HeadMind Partners, spécialisé dans l'analyse du risque numérique.

En Russie, il est devenu très difficile de s’informer sur la guerre en Ukraine. Le gouvernement cherche en effet à faire taire toutes les voix dissonantes en menaçant de lourdes peines de prison les média et les citoyens qui discréditent les actions de l'armée russe.

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Ainsi, pour tenter d’informer autrement le peuple russe, Facebook, la BBC, la Deutsche Welle et désormais Twitter ont créé des sites sécurisés protégeant l'anonymat de leurs visiteurs. Ces derniers doivent utiliser le darknet et l’application Tor pour y accéder.

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Tor est un navigateur permettant de passer par le darknet. Il protège au maximum l'identité et la localisation de l'internaute en brouillant les pistes. Il chiffre le trafic en faisant passer les données par une toute une série de serveurs. Si l'internaute peut visiter anonymement n'importe quel site Internet, il est aussi possible de créer des sites qui ne peuvent être consultés que via Tor. Leurs adresses se terminent en ".onion".

Les Russes et le darknet

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Cependant, la possibilité de recours au dark net aura-t-il un effet sur l’accès des Russes à une information non contrôlée par l’Etat ? Selon Nicolas Arpagian, rédacteur en chef de la revue Prospective stratégique, la médiatisation de l’arrivée de twitter sur le darknet est d’abord de la communication. “La difficulté c’est faire venir des gens ET que ces russes soient dans une neutralité d’esprit de manière propice à aborder la réalité autrement qu’elle leur est présentée par les autorités, insiste Arpagian. Ce n’est pas impossible mais c’est un travail de longue haleine. Parce qu’on s’attaque à un historique de connaissances et de convictions. Et puis fondamentalement, il n’y a pas une grande confiance envers les réseaux sociaux en Russie”, précise-t-il.

En d'autres termes, pour la population russe, la possibilité de consulter les médias occidentaux via le darknet ne constituera pas une alternative politique à la prise de parole du gouvernement. La technologie ne suffira pas, il faudra de la conviction.

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