Face à l’invasion russe, une nouvelle idée du courage. Avec Nicolas Offenstadt, Marc Crépon et Sara Daniel

Des instructeurs militaires et des civils pendant une session de formation au combat à Kiev ©AFP - Sergei SUPINSKY
Des instructeurs militaires et des civils pendant une session de formation au combat à Kiev ©AFP - Sergei SUPINSKY
Des instructeurs militaires et des civils pendant une session de formation au combat à Kiev ©AFP - Sergei SUPINSKY
Publicité

Des chars volés à l’armée russe, des civils soulevant des mines à la main ou fabriquant des cocktails molotov… Dans la presse, le courage des Ukrainiens laisse humbles ceux qui sont loin de la guerre.

Avec
  • Nicolas Offenstadt Historien, maître de conférences à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, spécialiste de la Première Guerre mondiale
  • Marc Crépon Directeur de recherche à l'Université Paris Sorbonne et directeur du département de philosophie à l'École normale supérieure
  • Sara Daniel Grand reporter, chef du service étranger à L'Obs

Mais pourquoi a-t-on besoin de se dire qu’ils sont courageux ? Est-ce tout ce qu’ils nous reste quand nous sommes impuissants ? Faut-il une guerre pour devenir courageux ?

Pour répondre à ces question Guillaume Erner reçoit le philosophe Marc Crépon, le grand reporter Sara Daniel, l'historien Nicolas Offenstadt. 

Publicité

Nos invités : 

  • Marc Crépon : Directeur de recherche au CNRS, et professeur de philosophie à l’ENS. Auteur de “Le Désir de résister: Un esprit critique pour notre temps” (Odile Jacob, 2022).
  • Nicolas Offenstadt, historien, maître de conférences à l’université Paris 1-Sorbonne et membre de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine. Auteur de “Urbex : le phénomène de l'exploration urbaine décrypté” (Albin Michel, 2022)

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le processus de démocratisation de l’Ukraine 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky incarne le courage en politique. Pour Sara Daniel, "c'est pourtant vraiment le président du peuple, le président comme tout le monde". Pour comprendre la stature de ce président, Marc Crépon invite à confronter l’évolution de la Russie depuis l’indépendance de l’Ukraine et l’évolution de l’Ukraine elle-même. "On a du côté de la Russie, un président qui s’est de plus en plus révélé comme un dictateur et un autocrate qui a exercé une main de fer sur la population. Le personne de Zelensky, incarne une toute autre évolution politique qui est celle de l’Ukraine, engagée dans un processus démocratique depuis trente ans. Alors même que Zelensky a été élu d’une façon qui pouvait rappeler les élections des grands leaders populistes dans le monde, confronté à la violence extrême qui frappe l’Ukraine, c’est exactement cette évolution démocratique qu’il incarne". 

Quand le politique se fait aussi chef de guerre 

Nicolas Offenstadt revient sur la figure du chef de guerre. "J_e suis frappé par sa prise en main du combat. Le chef de guerre n’est pas une figure évidente et elle ne se retrouve pas dans tous les combats"_. Le chef de guerre typique pour l’historien est Georges Clemenceau qui s’impose non seulement à son peuple mais aussi aux militaires. Le chef de guerre incarne à la fois l’autorité politique, administrative et militaire. "Le président ukrainien, alors même qu’il venait plutôt d’un milieu associé à la légèreté, prend en main le combat. C’est la figure qui émerge du conflit". Sara Daniel insiste sur l’évolution de la figure du président Zelensky auprès des Ukrainiens eux-mêmes :  "lorsque j’ai parlé aux militaires ukrainiens en janvier dernier, il est intéressant de constater qu’ils ne lui faisaient pas beaucoup confiance. Le chef de guerre était pour eux l’ancien président. À l’occasion de ces évènements, Zelensky a pris une dimension vraiment exceptionnelle et incarne le courage alors même que ce n’était pas évident"

L'équipe