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Francis Diébédo Kéré, prix Pritzker 2022 : « Même les plus dépourvus ont droit au confort, et à la beauté »

Entretien avec l’architecte burkinabé, premier Africain à remporter le prix Pritzker, formé en Allemagne, qui s’est appuyé sur les ressources et traditions locales pour ses projets au Mali, au Togo, au Soudan…

Propos recueillis par  (Propos recueillis par)

Publié le 15 mars 2022 à 15h00, modifié le 16 mars 2022 à 12h50

Temps de Lecture 7 min.

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L’architecte Francis Diébédo Kéré, à Koudougou (Burkina Faso), en 2016.

Francis Diébédo Kéré est le nouveau lauréat du prix Pritzker. Ce flamboyant Burkinabé, naturalisé allemand, est le premier Africain à recevoir la distinction suprême du monde de l’architecture. Elle consacre au passage une incroyable success story qui s’enracine dans le petit village de Gando, au Burkina Faso, où il est né il y a cinquante-six ans. C’est là qu’il a réalisé ses premiers projets : une école – la première du village –, puis des logements pour les enseignants, une bibliothèque, un centre pour les femmes, un lycée, un atelier de formation aux techniques de construction…

Ailleurs au Burkina Faso, mais aussi au Mali, au Togo, au Soudan, au Kenya, au Mozambique, au Bénin, Francis Kéré a ensuite multiplié les projets visant à accroître le bien-être des communautés, associant un savoir technique et une connaissance de l’histoire de l’architecture acquis lors de ses études en Allemagne, avec une pratique qui s’appuie sur les ressources et les traditions locales. Depuis quelques années, il travaille aussi en Occident, notamment aux Etats-Unis.

Comment avez-vous réagi à l’attribution de ce prix ?

Je n’avais jamais imaginé que le travail que je fais, que j’ai toujours considéré comme une affaire personnelle, puisse un jour me valoir la reconnaissance de la Fondation Pritzker. La surprise, très honnêtement, a été énorme. Et si je mesure aujourd’hui le devoir, la grande responsabilité que cela implique, je n’arrive toujours pas à y croire complètement.

Que recouvrent, à vos yeux, ce devoir et cette responsabilité ?

C’est le prix le plus important qui existe en architecture, et je le gagne avec un travail qui ne correspond pas à ce que la fondation a l’habitude de distinguer. J’ai le sentiment que les thèmes que je porte sont devenus importants. La responsabilité qui m’incombe est donc de continuer à faire ce que je faisais, avec plus d’engagement encore.

C’est-à-dire ?

Quand j’étudiais l’architecture en Allemagne, je suis parti dans les campagnes allemandes pour découvrir des techniques préindustrielles. Je voulais voir comment je pourrais les combiner avec des techniques ancestrales du Burkina Faso, où j’avais le projet de bâtir une école en développant de meilleurs modes de construction que les standards de la production de masse qu’on appliquait traditionnellement aux salles de classe. Je cherchais des solutions pour construire dans un climat très chaud, qui produisent, notamment, une ventilation naturelle.

Lire aussi le portrait (2017) : Diébédo Francis Kéré, un architecte enraciné

Je voulais créer quelque chose qui inspire, quelque chose de moderne, qui s’enracine en même temps dans la culture africaine, dans la couleur, les motifs… J’avais cette idée que même les plus dépourvus ont droit au confort, et à la beauté.

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