300.000 hackers volontaires s’engagent dans une cyberguerre contre la Russie

Le 26 février dernier, l’Ukraine lançait un appel aux volontaires pour mener des combats en ligne contre infrastructures liées au gouvernement russe. Des hackers du monde entier y ont répondu. Massivement.

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Pas moins de 300.000 hackers volontaires ont ainsi rejoint le groupe Telegram «IT Army of Ukraine», indique le Guardian. Via ce canal, disponible en anglais et en ukrainien, ils reçoivent des instructions sur les batailles à mener et les sites web à viser.

Parmi eux, Kali, un adolescent suisse interviewé par le Guardian alors qu’il lançait une attaque Ddos sur un site gouvernemental russe. «Je voulais aider et mettre mes compétences de hacker au service de l’Ukraine», explique-t-il via Telegram. «Je le fais parce que je soutiens l’Ukraine et que je veux aider d’une manière ou d’une autre. Je pense que si nous piratons toute l’infrastructure de la Russie, ils s’arrêteront peut-être parce que plus rien ne fonctionnera».

Comme des milliers d’autres, Kali a rejoint le groupe Telegram lancé en février par Mykhailo Fedorov, vice-Premier ministre ukrainien et ministre de la Transformation numérique. «Nous créons une armée de l’IT. Nous avons besoins de talents numériques», appelait-il via Twitter. «Il y a aura du travail pour tous. Nous continuerons le combat sur le front numérique.»

Opération à succès

Et cette cyber armée semble porter ses fruits. Selon NetBlocks, une société qui surveille la connectivité Internet mondiale, la disponibilité des sites internet du Kremlin et de la Douma est fortement déstabilisée depuis le début de l’invasion. Des sites de médias affiliés au gouvernement, plusieurs institutions bancaires ou encore Gazprom ont également été ciblés par des attaques.

Les hackers ont bombardé les sites Web de l’État russe avec des attaques DDoS (Attaque par déni de service), qui rendent les serveurs ou sites web indisponibles. Parallèlement, d’autres hackers s’activent sur un autre front: la lutter contre la désinformation. Certains cherchent en effet à documenter la réalité du conflit et à diffuser les images de la guerre auprès de la population russe, alors que le discours officiel du Kremlin continue de faire référence à une «opération militaire spéciale».

Des actes de courage, alors que ces activités sont bien souvent illégales et qu’elles exposent les hackers volontaires à de possibles représailles russes.

Des inquiétudes

Néanmoins, cette armée de 300.000 hackers volontaires inquiète certains. «Qui en est responsable? Qui en définit la stratégie globale?» se demande Alan Woodward, professeur de cybersécurité à l’Université de Surrey. «Vous ne savez jamais vraiment qui il y a dans un groupe de volontaires. Au nom de l’Ukraine, certains pourraient faire des choses non voulues par le gouvernement ukrainien», expose-t-il. «Cela pourrait même être accidentel, comme un ransomware qui se propage et finit par attaquer des hôpitaux. Il me semble que personne n’a envie de ça».

Enfin, l’expert doute d’une réelle efficacité de cette armée. «Leurs attaques sont peut-être une nuisance pour les Russes, mais ce que nous avons vu jusqu’à présent n’a pas affecté leur capacité de combat de manière décisive», note-t-il dans les colonnes du quotidien britannique.