“C’est la condamnation la plus sévère des actions de Poutine de la part d’un officiel américain depuis que la guerre en Ukraine a débuté il y a trois semaines”, remarque CNN. “Les officiels, dont Biden, évitaient jusqu’à présent d’affirmer que des crimes de guerre étaient commis en Ukraine”, préférant s’en remettre aux “enquêtes en cours” pour déterminer “si le terme pouvait être utilisé ou non”.

D’autres dirigeants mondiaux ne se sont guère embarrassés de scrupules, souligne la chaîne américaine, notamment le Premier ministre britannique, Boris Johnson, “qui a déclaré la semaine dernière que des crimes de guerre” étaient perpétrés en Ukraine.

“Avant même l’attaque de l’Ukraine, Biden avait traité Poutine d’‘assassin’, mais la qualification de ‘criminel de guerre’ représente une nouvelle escalade rhétorique”, observe le Financial Times. “Les États-Unis ont déjà sanctionné Poutine personnellement pour l’attaque de l’Ukraine, une décision rare à l’encontre d’un chef d’État en exercice.”

“Inacceptable et impardonnable”

El País relève que Joe Biden n’a pas prononcé l’expression choc pendant son allocution consacrée à l’Ukraine, après la prise de parole du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devant les parlementaires américains mais durant une réunion ultérieure sur la loi contre les violences faites aux femmes.

“Un journaliste lui a demandé pourquoi il ne qualifiait pas [Vladimir Poutine] de ‘criminel de guerre’”, raconte le quotidien madrilène. “Biden, qui n’avait peut-être pas bien entendu la question, a répondu de façon automatique ‘non’, avant de revenir immédiatement sur ses pas pour dire : ‘Oh, je pense que c’est un criminel de guerre’.”

Consciente qu’un pas avait été franchi, la Maison-Blanche s’est empressée de préciser que le président américain avait “parlé avec son cœur” en fonction de ce qu’il avait vu à la “télévision”, soulignant qu’un “processus légal du département d’État déterminera” si le président russe peut effectivement être “accusé de crimes de guerre”.

Le Kremlin a immédiatement réagi : “Nous considérons comme inacceptable et impardonnable une telle rhétorique de la part du chef de l’État [américain], dont les bombes ont tué des centaines de milliers de personnes dans le monde entier”, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, cité par l’agence Tass.

Théâtre bombardé

Les propos de Joe Biden ont été tenus alors que de nouvelles attaques contre des civils étaient signalées par les autorités ukrainiennes, notamment dans un théâtre historique de Marioupol, “utilisé comme abri antibombes par des centaines de personnes”, rapporte Radio Free Europe-Radio Liberty (RFE-RL).

“Le nombre de victimes est inconnu” mais quelque “1 200 personnes se trouvaient probablement dans le théâtre”, selon les autorités de la ville, qui ne pouvaient s’approcher des ruines de l’édifice “en raison des bombardements incessants” de l’armée russe dans le secteur.

“Encore un crime de guerre horrible commis à Marioupol”, a accusé le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba. “Une attaque russe massive contre un théâtre où des centaines de civils innocents avaient trouvé refuge. Le bâtiment est entièrement détruit. Les Russes ne pouvaient pas ignorer qu’il s’agissait d’un refuge de civils”, a-t-il écrit sur Twitter.

Plus tôt dans la journée, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye “a ordonné à la Russie de suspendre son invasion de l’Ukraine”, soulignant qu’elle n’avait trouvé “aucune preuve” que l’Ukraine avait commis un génocide dans les régions russophones du pays – des allégations utilisées par Moscou pour justifier l’invasion, rappelle The Guardian.

Les jugements de la CIJ sont contraignants en vertu de la Charte des Nations unies, mais la cour n’a aucun moyen de les faire respecter. L’ordonnance de mercredi est donc “peu susceptible d’influer les choix de Poutine, mais elle offre une réfutation officielle de son prétexte pour démarrer la guerre”, note le quotidien britannique.