Covid-19 : niveau de vie, type de logement, origine... Ces autres facteurs de risque de forme grave

Une vaste étude menée jusqu’en novembre dernier en France confirme que l’âge et le sexe sont les principaux facteurs de risque de forme sévère en cas d’infection, mais les conditions de vie ont aussi un impact important.

Près de 20 000 patients diagnostiqués Covid-19 sont actuellement hospitalisés en France. LP / Fred Dugit
Près de 20 000 patients diagnostiqués Covid-19 sont actuellement hospitalisés en France. LP / Fred Dugit

    Un homme âgé, à faible niveau de vie, vivant dans un petit logement social, et né dans un pays africain. Tel est le profil type du patient le plus à risque de forme grave de Covid-19 en cas d’infection, d’après une vaste étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiée ce jeudi matin. Les bases de données SI-VIC (le nombre de patients Covid hospitalisés) et Fidéli (le fichier démographique de l’Insee sur les logements et les individus) ont été croisées.

    On savait déjà que l’âge, le sexe et les comorbidités étaient d’importants facteurs de risque. Ces travaux, menés en France métropolitaine sur la période allant de mars 2020 à novembre 2021, portent aussi sur les caractéristiques socio-économiques. Voici ce qu’il faut en retenir.

    L’âge, le facteur « prépondérant ».

    Cette étude le confirme : les personnes âgées sont beaucoup plus à risque de forme grave que les jeunes. Les plus de 60 ans représentent 72 % des patients hospitalisés mais seulement 27 % de la population. Le sexe joue aussi, mais dans une moindre mesure : 52 % des patients hospitalisés de plus de 60 ans sont des hommes, contre 45 % des habitants dans cette tranche d’âge.

    Niveau de vie

    Le niveau de vie moyen des patients hospitalisés est inférieur de 6 % à celui de l’ensemble de la population. La surreprésentation des plus modestes est plus nette chez les jeunes que chez les personnes âgées. Si l’on se restreint aux 35-49 ans, le taux d’hospitalisation des 20 % les moins aisés est 1,6 fois plus élevé que celui moyen. Ce ratio est de 1,5 chez les 50-74 ans et de 1,2 chez les plus de 75 ans.

    Ces différences pourraient s’expliquer par plusieurs facteurs : moins bon état de santé, comorbidités plus fréquentes, métiers exposés et donc à risque de contaminations, etc. « Cet effet du revenu peut refléter des conditions de vie et de travail associées à un risque accru d’exposition au virus, ainsi qu’une présence plus fréquente de comorbidités chez les plus défavorisés », résume la Drees.

    La densité de logement, « résultat majeur »

    Le type de logement ressort également comme étant un critère déterminant. Alors que 15 % des habitants en France vivent en logement social, c’est le cas de 21 % des patients hospitalisés. En se concentrant sur les 35-49 ans, on tombe sur 16 % d’habitants et 29 % de malades gravement atteints qui vivent en logement social. D’après le modèle prenant en compte différents facteurs, le fait de vivre dans un logement social multiplie le risque d’hospitalisation par 1,5.

    Autre indicateur : la superficie par habitant. Plus celle-ci est petite, et plus le risque d’être hospitalisé est élevé, quelle que soit la tranche d’âge. Par exemple, 25 % des 35-49 ans ont moins de 20 m² pour vivre (seul ou dans un logement commun), mais c’est le cas de 37 % de ceux hospitalisés. À caractéristiques égales, les personnes disposant d’une surface comprise entre 40 et 60 m² chacune pour vivre présentent un risque d’hospitalisation réduit de 0,8 par rapport à celles résidant dans un logement exigu (moins de 20 m² pour chacune).

    Les personnes nées en Afrique, particulièrement à risque

    Là aussi, le constat est net. 17 % des patients âgés d’au moins 35 ans et hospitalisés sont nés dans un pays africain, contre 9 % des habitants. Cette surreprésentation pourrait s’expliquer par un niveau de vie moins élevé chez les immigrés, mais aussi par le fait que certains territoires comportant le plus d’habitants nés à l’étranger, comme la Seine-Saint-Denis, ont été particulièrement touchés par cette pandémie de Covid.



    Être né au Maghreb multiplie le risque d’être hospitalisé par 1,7 par rapport au fait d’être né en France, indique la Drees. Ce risque relatif est légèrement inférieur (1,6) pour les personnes nées ailleurs en Afrique.

    Des inégalités renforcées par la vaccination ?

    Le lien entre un faible niveau de vie et un risque élevé hospitalisation apparaît plus marqué lors de la quatrième vague, à l’été 2021, que lors des précédentes. Or, à cette époque, 70 % de la population française était déjà vaccinée. Mais avec de grandes variations. Plusieurs travaux ont montré, par exemple, que la couverture vaccinale était plus élevée dans les classes sociales supérieures que dans celles à faible niveau de vie.

    La Drees a donc intégré les données de vaccination rendues disponibles par l’Assurance-maladie. « La particularité de la quatrième vague, qui touche plus spécialement les plus modestes, pourrait refléter la distribution inégale de la couverture vaccinale dans la population, ou la surexposition associée aux conditions de vie et de travail, exacerbée par la plus grande contagiosité du variant Delta », indique-t-elle.