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La saison pollinique pourrait être environ deux mois plus longue à cause du réchauffement climatique, selon une nouvelle étude.
La saison pollinique pourrait être environ deux mois plus longue à cause du réchauffement climatique, selon une nouvelle étude.
©Philippe HUGUEN / AFP

Pollen

Selon une étude de la revue Nature Communications, la saison des pollens pourrait être plus longue à cause du réchauffement climatique, si les émissions de carbone ne sont pas contrôlées. D’après les estimations aux Etats-Unis, les émissions annuelles de pollen pourraient augmenter de 40 %.

Dr Sophie Silcret-Grieu

Dr Sophie Silcret-Grieu

Le Dr Sophie Silcret-Grieu est allergologue à l'Hôpital Trousseau - Centre de l'asthme et des allergies, à Paris. 

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Atlantico : Selon une étude publiée dans la revue Nature Communications, la saison pollinique pourrait être environ deux mois plus longue à cause du réchauffement climatique, si les émissions de carbone ne sont pas contrôlées. Aux États-Unis, les émissions annuelles de pollen pourraient ainsi être augmentées de 40 %. Quelles pourraient être les conséquences de cette augmentation pour les personnes souffrant d’allergies ou d’asthme ? 

Sophie Silcret-Grieu : On peut noter trois conséquences à cette augmentation : 

Premièrement, il faut savoir que pour les personnes qui sont déjà allergiques, les symptômes sont proportionnels à la quantité de pollen inhalé. Si les individus sont exposés à de plus grandes quantités de pollens, les symptômes seront plus sévères. On peut ainsi voir des asthmes s’aggraver. 

Ensuite, une exposition plus longue entraîne une accumulation de réactions inflammatoires qui se prolongent. Pour les personnes allergiques, il est plus délétère d’être exposé à des pollens pendant deux mois que pendant deux semaines. De plus, cela va prolonger les besoins médicamenteux. Quand une réaction allergique se prolonge, elle a tendance à s’aggraver puisque les phénomènes inflammatoires s’auto-alimentent. Plus une muqueuse est enflammée, plus elle est sensible à l’arrivée des allergènes. Il faut donc traiter les patients le plus rapidement possible pour éviter une aggravation des symptômes. 

Enfin, il y a une modification de la répartition des plantes pollinisatrices. Certaines personnes peuvent se retrouver exposées à des types de pollens qu’ils connaissent mal. C’est le cas de l’ambroisie, qui se cantonnait à la vallée du Rhône et qui se répand aujourd’hui dans le nord de la France. Idem pour le cyprès. Les individus risquent donc de se sensibiliser à des allergènes inconnus, et réagir plus violemment. 

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En Amérique du Nord, les arbres dominent généralement la saison pollinique du printemps alors que les graminées sont davantage présents à la fin de l’été. Selon cette étude, les différents types de pollens pourraient désormais être libérés au même moment. Au-delà de l’augmentation du volume de pollen libéré, quelles peuvent être les conséquences si plusieurs types de pollens sont libérés au même instant ? 

Quand des allergies se superposent, les muqueuses, déjà fragilisées, sont plus vulnérables et réagissent plus violemment à l’exposition à un deuxième ou à un troisième allergène. Une allergie aggrave l’autre, et inversement. Les symptômes peuvent donc être plus sévères et de nouveaux peuvent arriver. En termes d’allergies respiratoires, le plus dangereux est l’asthme. Ces allergies sont également majorées par des polluants en irritant les voies respiratoires, et en modifiant la structure des pollens. Les polluants ont eux aussi des effets aggravants puisque les pollens exposés à des polluants deviennent plus allergisants. 

Comment les personnes vulnérables pourraient-elles se protéger ? Faut-il craindre une augmentation de la prise de médicaments comme des antihistaminiques ? Y a-t-il un risque pour la santé à cause de ces prises de médicaments ? 

Il est assez difficile de se protéger contre les pollens. On peut simplement adopter des stratégies d’évitement, comme s’abstenir de faire du sport en forêt à un certaine période de l’année. Pour éviter de ramener des pollens à domicile, il faut bien aérer le matin et le soir. De plus, il faut penser à se laver le visage, prendre une douche ou se brosser les cheveux et les sourcils. Surtout, il faut penser à se faire diagnostiquer le plus vite possible. Plus on attend, plus les symptômes sont difficiles à contrôler. Enfin, pour se prémunir une fois que le diagnostic est posé, on peut envisager une désensibilisation, c'est-à-dire une mise en contact répétée avec l’allergène. Le système immunitaire va alors s’habituer à l’allergène, ce qui réduit les symptômes.

Les traitements anti-allergiques ne sont pas dangereux et entraînent très peu d’effets secondaires. À une époque, ils pouvaient provoquer une somnolence, ce qui peut être très dangereux si on prend le volant. La cortisone, lorsqu'elle est utilisée localement, en spray ou par inhalation, est bien moins dangereuse que lorsqu’elle est prise par voie orale.

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