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«Cette auto-épuration naturelle et nécessaire de la société ne fera que renforcer notre pays»: Poutine, le fasciste du XXIe siècle

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le dictateur russe a tenu mercredi un discours devant son gouvernement qui s’apparente à un manifeste définissant un nouveau régime isolé qui assume de l’être. Extraits.
par Veronika Dorman
publié le 17 mars 2022 à 19h30

Depuis le début de son «opération spéciale» en Ukraine, un pays qui n’en est pas un et une nation qui n’existe pas selon Vladimir Poutine, le discours du maître du Kremlin prend des accents de plus en plus fascistes. Le mot d’introduction d’une réunion gouvernementale, qui s’est tenue mercredi, s’apparente à un manifeste qui définit les nouveaux contours d’un régime isolé, assiégé, calomnié. Mais assumant parfaitement de l’être. Morceaux choisis d’une logorrhée angoissante.

«Nous nous rencontrons à un moment difficile, alors que nos forces armées mènent une opération militaire spéciale en Ukraine et dans le Donbass. […] Il s’agit d’aider notre peuple dans le Donbass qui, depuis près de huit ans, est soumis à un véritable génocide par les moyens les plus barbares – blocus, actions punitives à grande échelle, attaques terroristes et tirs d’artillerie constants. Pour quoi ? Seulement parce qu’il a revendiqué des droits humains élémentaires – vivre selon les lois et les traditions de ses ancêtres, parler sa langue maternelle et élever ses enfants comme il l’entendait.»

«[Les autorités de Kyiv] ont commencé à mettre en pratique leurs projets d’adhésion à l’Otan. En outre, elles ont annoncé leur intention de construire leurs propres armes nucléaires et les moyens pour les acheminer. C’était une menace réelle. Dans un avenir prévisible, avec l’assistance technique étrangère, le régime pro-nazi de Kyiv allait avoir entre les mains des armes de destruction massive, et sa cible aurait bien sûr été la Russie. Un réseau de dizaines de laboratoires était à l’œuvre en Ukraine, où des programmes militaires d’armes biologiques, notamment des expériences avec des échantillons de coronavirus, d’anthrax, de choléra, de peste porcine africaine et d’autres maladies mortelles, ont été menés sous la direction et avec le soutien financier du Pentagone. Les traces de ces programmes secrets sont aujourd’hui vigoureusement dissimulées.»

«L’apparition de troupes russes près de Kyiv et d’autres villes ukrainiennes n’est pas liée à une intention d’occuper ce pays. Nous n’avons pas un tel objectif, et je l’ai d’ailleurs précisé explicitement dans mon discours du 24 février. Quant aux tactiques de combat développées par le ministère russe de la Défense et notre état-major, elles ont pleinement fait leurs preuves. Et nos hommes – soldats et officiers – font preuve de courage et d’héroïsme, faisant tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter les pertes parmi la population civile des villes ukrainiennes.»

«L’Ukraine, encouragée par les Etats-Unis et un certain nombre de pays occidentaux, se préparait délibérément à un scénario violent, un bain de sang et un nettoyage ethnique dans le Donbass. Une offensive massive sur le Donbass, puis sur la Crimée, n’était qu’une question de temps. Et nos forces armées ont contrecarré ces plans.»

«Je le répète – nous n’avions pas d’autre option pour l’autodéfense, pour la sécurité de la Russie, que de mener une opération militaire spéciale. Et toutes les tâches seront, sans aucun doute, accomplies. Nous assurerons de manière fiable la sécurité de la Russie et de notre peuple, et nous ne permettrons jamais que l’Ukraine serve de tremplin à des actions agressives contre notre pays.

«Nous étions prêts, et le sommes toujours, à discuter des questions fondamentales pour la Russie et notre avenir – sur le statut neutre de l’Ukraine, sur la démilitarisation et la dénazification – au cours des négociations. Notre pays a tout fait pour organiser et mener ces négociations, comprenant que chaque opportunité doit être utilisée pour sauver des personnes et leurs vies.

«Mais nous continuons à être convaincus que le régime de Kyiv, chargé par ses maîtres occidentaux de créer une agressive “anti-Russie”, est indifférent au sort du peuple ukrainien. Le fait que des gens meurent, que des centaines de milliers, des millions de personnes soient devenues des réfugiés, qu’une véritable catastrophe humanitaire se déroule dans les villes tenues par les néonazis et leurs criminels armés, libérés des prisons – tout cela lui est indifférent.

«Il est également évident pour nous que les mécènes occidentaux ne font que pousser les autorités de Kyiv à poursuivre l’effusion de sang. Elles reçoivent de plus en plus d’armes, de renseignements et d’autres formes d’assistance, notamment des conseillers militaires et des mercenaires.»

«La politique visant à contenir et affaiblir la Russie, notamment par l’isolement économique et le blocus, est une stratégie consciente et à long terme. Les dirigeants occidentaux eux-mêmes ne cachent plus le fait que les sanctions ne visent pas des individus ou des entreprises ; leur objectif est de frapper l’ensemble de notre économie, notre sphère sociale et humanitaire, chaque famille, chaque citoyen de Russie. En fait, de telles mesures visant à aggraver la vie de millions de personnes ont toutes les caractéristiques d’une agression, d’une guerre par des moyens économiques, politiques et informationnels. Elle est totale et non dissimulée et, je le répète, la soi-disant élite politique occidentale ne se gêne pas pour le dire ouvertement.

Influence des radicalités en ligne

«Dans de nombreux pays occidentaux, des personnes, simplement parce qu’elles sont nées en Russie, sont aujourd’hui victimes d’un véritable harcèlement : on leur refuse des soins médicaux, on expulse les enfants des écoles, on met les parents au chômage, on interdit la musique, la culture et la littérature russes. En tentant d’“abolir” la Russie, l’Occident a fait tomber tous les masques de la décence, il se comporte en goujat, il a montré sa vraie nature. Des analogies directes s’imposent avec les pogroms antisémites organisés par les nazis en Allemagne dans les années 30 du siècle dernier, puis par leurs sbires de nombreux pays européens qui se sont joints à l’agression de Hitler contre notre pays pendant la Grande Guerre patriotique.»

«Une attaque massive a également été lancée contre la Russie dans le cyberespace. Une campagne d’information sans précédent a été déclenchée, impliquant les réseaux sociaux mondiaux et tous les médias occidentaux, dont l’objectivité et l’indépendance se sont révélées être un simple mythe. L’accès à l’information est restreint, les gens sont inondés d’un grand nombre de fakes, de propagande – en d’autres termes, de balivernes.»

«Nous connaissons les ressources dont dispose cet empire du mensonge, mais il reste impuissant face à la vérité et à la justice. La Russie continuera de faire connaître sa position au monde entier. Et notre position est honnête et ouverte, et de plus en plus de gens l’entendent, la comprennent et la partagent.»

«Nous nous souvenons de la façon dont ils ont soutenu le séparatisme, le terrorisme, en encourageant les terroristes et les bandits dans le Caucase du Nord. Comme dans les années 90 et au début des années 2000, ils veulent répéter leur tentative de nous écraser, […] de nous transformer en un pays faible et dépendant, de briser notre intégrité territoriale, de démembrer la Russie […]. Cela n’a pas fonctionné à l’époque et ne fonctionnera pas maintenant.

«Oui, bien sûr, ils essaieront de parier sur ce qu’on appelle la cinquième colonne, sur les national-traîtres, sur ceux qui gagnent de l’argent ici, dans notre pays, mais vivent là-bas, et “vivent” non pas même au sens géographique du terme, mais par leurs pensées, par leur conscience d’esclave.

«Je ne condamne pas du tout ceux qui ont une villa à Miami ou sur la Côte d’Azur, qui ne peuvent se passer de foie gras, d’huîtres ou desdites libertés de genre. Ce n’est absolument pas le problème. Le problème est que beaucoup de ces gens sont mentalement là-bas et pas ici, avec notre peuple, avec la Russie. Selon eux, c’est un signe d’appartenance à une caste supérieure, à une race supérieure.»

«L’Occident collectif tente de diviser notre société en spéculant sur les pertes militaires, sur les conséquences socio-économiques des sanctions, de provoquer une confrontation civile en Russie, et en utilisant sa cinquième colonne, il cherche à atteindre son but. Il n’y en a qu’un de but, comme je l’ai déjà dit, c’est la destruction de la Russie.

«Mais tout peuple, en particulier le peuple russe, est capable de distinguer les vrais patriotes des salopards et des traîtres, et les recracher tout simplement, comme on recrache un moucheron qui s’est accidentellement glissé dans la bouche. Je suis convaincu que cette auto-épuration naturelle et nécessaire de la société ne fera que renforcer notre pays, notre solidarité, notre cohésion et notre capacité à relever tous les défis.»

«Il est clair que les événements actuels tirent un trait sur la domination mondiale des pays occidentaux, tant sur le plan politique qu’économique. En outre, ils remettent en question le modèle économique qui a été imposé aux pays en développement, voire au monde entier, au cours des dernières décennies.»

«Il est évident que le blitzkrieg de guerre économique contre la Russie, qui devait démoraliser notre société et nous prendre par surprise, a échoué. Il est donc probable que nous assisterons à des tentatives visant à accroître la pression sur notre pays. Mais nous surmonterons aussi ces difficultés. L’économie russe s’adaptera certainement aux nouvelles réalités. Nous renforcerons notre souveraineté technologique et scientifique, nous consacrerons des ressources supplémentaires au soutien de l’agriculture, de l’industrie manufacturière, des infrastructures et de la construction de logements, et nous continuerons à développer les relations commerciales extérieures en nous orientant vers des marchés internationaux dynamiques et en pleine croissance.»

«Je le répète : la situation actuelle est sans nul doute une épreuve pour nous tous. Je suis certain que nous la traverserons avec dignité ; en travaillant dur, main dans la main, en nous soutenant mutuellement, nous surmonterons toutes les difficultés et deviendrons encore plus forts, comme nous l’avons toujours été dans l’histoire de la Russie millénaire. C’est ce à quoi je veux que vous travailliez.»

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