”Pour la première fois” au Liban, “une travailleuse domestique immigrée poursuit en justice à la fois son employeur et son recruteur, pour ‘esclavagisme, traite d’esclave et discrimination raciale et de genre’”, écrit le journal libanais L’Orient-Le Jour. Des accusations qui se basent sur le droit international qui l’emporte sur le droit libanais, selon une responsable de l’ONG qui défend la plaignante.

Il s’agit d’une Éthiopienne, rentrée chez elle depuis, qui a été employée au Liban de 2011 à 2019. Comme toutes les employées de maison venues essentiellement d’Afrique, d’Asie du Sud et du Sud-Est pour travailler dans les pays arabes, elle a travaillé sous le régime de la kafala, un système de parrainage liant par contrat l’employée à l’employeur – un système dénoncé depuis des années par les organisations de défense des droits humains.

Selon ses représentants, la travailleuse domestique, qui vivait dans une “petite chambre”, dit avoir travaillé au service de son employeuse “plus de quinze heures par jour, sans jours de congé” et sans être payée. La plaignante, dont les documents d’identité avaient été confisqués, dit avoir “été enfermée dans l’appartement” de l’accusée, avoir subi “des abus verbaux et physiques” et avoir été “interdite de tout contact extérieur”.

Une histoire qui ressemble à beaucoup d’autres, déplore à L’Orient-Le Jour une activiste de l’association libanaise Kafa, qui a défendu plusieurs de ces employées de maison.

Elles sont traitées comme des appareils ménagers.”

Davantage fragilisées par la crise économique

Déjà très précaires, les conditions de vie et de travail de ces travailleuses domestiques se sont dégradées depuis le début de la violente crise économique et financière qui secoue le Liban depuis plus de deux ans.

Nombre d’entre elles ont été simplement mises à la porte car leur employeur ne pouvait plus les rémunérer, explique le quotidien francophone. Mais seulement “certaines d’entre elles ont pu quitter le pays”, explique une spécialiste des travailleurs migrants au bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Beyrouth.

Ces derniers mois, de nombreuses employées de maison kényanes, gambiennes, éthiopiennes ou philippines ont dû faire le pied de grue devant le consulat de leur pays pour pouvoir être rapatriées. De 2019 à 2021, le nombre d’employées de maison étrangères a été divisé par trois passant d’environ 184 000 à près de 66 000, selon les chiffres officiels du ministère libanais du Travail.