Yvan Colonna, le militant indépendantiste corse condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, est décédé lundi soir 21 mars des suites de son agression à la prison d’Arles le 2 mars, a annoncé sa famille à l’AFP, via son avocat Patrice Spinosi. « La famille d’Yvan Colonna confirme son décès ce soir à l’hôpital de Marseille. Elle demande que son deuil soit respecté et ne fera aucun commentaire », a précisé Me Spinosi, confirmant une information du Parisien.

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« Yvan Colonna, patriote corse, bien vivant pour l’éternité ! Nous serons toujours à tes côtés », a rapidement réagi sur Twitter, en langue corse, le parti Femu a Corsica de Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de l’île. Les députés LFI Éric Coquerel et Ugo Bernalicis ont regretté une « tragédie » pour le premier et un « échec de notre justice » et du gouvernement, qui « n’a pas su protéger » Yvan Colonna pour le second. Valérie Pécresse a déploré « un drame » appelant « à ne pas embraser la Corse ».

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Le FLNKS, partisan de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, a fait part mardi de « son total soutien et de ses sincères condoléances » aux militants indépendantistes corses et à la famille d’Yvan Colonna. Yvan Colonna était dans le coma depuis son agression début mars à la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône), où il purgeait sa peine de prison pour sa participation à l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998 à Ajaccio.

Une explosion de colère en Corse

Il avait été violemment agressé dans la salle de sport de la prison par un homme de 36 ans présenté comme un djihadiste, qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans d’emprisonnement pour « association de malfaiteurs terroriste ». Ce détenu radicalisé a depuis été mis en examen pour tentative d’assassinat terroriste. Selon plusieurs sources, l’agresseur d’Yvan Colonna avait justifié son acte par le fait que le militant corse aurait blasphémé et « mal parlé du Prophète ».

Le militant indépendantiste, qui était âgé de 61 ans, a été victime « d’une strangulation à mains nues puis d’un étouffement », avec un sac plastique, avait précisé le procureur de Tarascon Laurent Gumbau.

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Cette agression avait provoqué une explosion de colère en Corse, où les manifestations se sont multipliées pendant près de deux semaines. Cette colère avait culminé en émeutes le 13 mars à Bastia, avec une manifestation qui avait fait 102 blessés, dont 77 du côté des forces de l’ordre. Le calme est revenu la semaine passée avec une visite de trois jours du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin lors de laquelle il a promis des discussions avec les élus corses et les forces vives de l’île qui pourraient mener à une éventuelle autonomie pour la collectivité.