Fernande Decruck, celle qui faisait briller le saxophone

Le 21 mars 1846, le brevet d'invention pour le saxophone est déposé. Un siècle plus tard, Fernande Decruck devient l'une des compositrices (y compris parmi les compositeurs) dont le répertoire comprend le plus large nombre de pièces dédiées à cet instrument de musique.

Fernande Decruck est née en 1896 à Gaillac, dans le Tarn. Dans une première partie de sa vie, c’est surtout vers l’orgue qu’elle se tourne. Élève de Marcel Dupré, elle est appelée à venir jouer aux Etats-Unis où ses capacités d'improvisation sont particulièrement remarquées. C’est dans ce pays qu’elle rencontre son futur mari : Marcel Decruck, clarinettiste, contrebassiste et saxophoniste.

Organiste, pianiste et compositrice

La composition a presque toujours fait partie de son apprentissage musical. Elle suit notamment des cours au Conservatoire de Paris (harmonie, contrepoint et composition parmi d'autres). Ses premières œuvres sont plutôt destinées à l’orgue ou au piano, il y a aussi un concerto pour violoncelle et plusieurs pièces de musique de chambre et dès les années 1930, elle se met à écrire pour le saxophone.

Fernande Decruck va passer sa vie entre les Etats-Unis, qui la voit comme une grande organiste, et la France qui la voit comme une grande compositrice. Son œuvre pour saxophone va lui ouvrir des portes. Marcel Mule, musicien réputé, va souvent interpréter la musique de cette jeune compositrice. C’est aussi lui qui est à l’origine de la création d’un quatuor de saxophones au sein de la Garde Républicaine.

Pas un, ni deux, mais quatre saxophones 

Cette formation instrumentale va lui donner quelques idées… Fernande Decruck compose et dédie une Pavane pour quatre saxophones à l'ensemble créé par Marcel Mule. Elle devient ainsi la première femme à être jouée par les musiciens de la Garde Républicaine.

Les œuvres de Fernande Decruck obtiennent de vif succès, celles pour saxophones mais toutes les autres aussi. L’année de sa mort en 1954, Marcel Mule enregistre une de ses pièces, Andante et Fileuse, longtemps le seul témoignage de la musique de cette compositrice française.

Ce n’est qu’à partir du début des années 2000 que son nom et sa musique vont enfin sortir de l’ombre avec l’enregistrement par deux saxophonistes de sa sonate avec piano en ut dièse. Depuis, artistes (comme le Quatuor Ellipsos) et éditeurs, à l’image des éditions Billaudot, tentent de ressortir bon nombre de ses partitions pour qu’enfin Fernande Decruck soit reconnue comme une compositrice majeure du 20e siècle.