Journée mondiale de l’eau : L’ONU alerte sur la mauvaise gestion des eaux souterraines

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À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau ce 22 mars, l’ONU a publié un rapport sur les eaux souterraines. Ultime ressource en eau de la planète, le potentiel des souterrains est immense mais les réserves sont encore sous-évaluées et souvent mal gérées ou surexploitées.

« Le potentiel des eaux souterraines demeure inexploité »

Les eaux souterraines représentent 99% des réserves d’eau douce sur la planète. Ces eaux sont sur la quasi-totalité du globe et fournissent 75% de la quantité d’eau prélevée pour un usage domestique dans l’Union européenne. Cette dépendance devrait encore s’accroître dans les prochaines décennies selon Richard Connor, spécialiste de la ressource en eau et principal auteur du rapport publié par l’UNESCO : « à l’échelle mondiale la consommation d’eau devrait augmenter de 1% chaque année au cours des 30 prochaines années. Si l’on combine avec cela la rareté des eaux de surface due au changement climatique, notre dépendance à l’égard des eaux souterraines va augmenter. Malgré cela le potentiel des souterrains reste inexploité ».

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En effet, ce potentiel est encore inexploré dans certaines régions du monde comme en Afrique subsaharienne : « dans ces pays, 5% de toutes les terres agricoles sont irriguées et seulement 3% de cette irrigation se fait à partir d’eau souterraine. Grâce aux eaux souterraines, la possibilité d’augmenter la production agricole dans ses régions est donc immense ». Comparativement, en Amérique du Nord, 59% des terres irriguées ont recours aux eaux souterraines. Il faut également noter que ce potentiel ne servirait pas uniquement la productivité. Ces eaux pourraient répondre aux besoins d’eau des populations face aux futures sécheresses, à la diminution des débits des fleuves et à l’augmentation de la température, poursuit Richard Connor : « la majorité du stockage de l’eau se fait par des réservoirs ou des barrages. Pourtant ces réservoirs sont assujettis à un taux d’évaporation qui augmente avec les températures. C’est pourquoi, au niveau de l’adaptation face au changement climatique, le stockage des eaux en souterrain est beaucoup plus approprié ».

Les pesticides menacent les réserves d’eau

Les eaux souterraines demeurent donc une ressource capitale mais obligent à investir dans des infrastructures adaptées et dans la recherche hydrogéologique. Il semble alors essentiel de gérer correctement ces ressources. Pourtant de nombreux manquements subsistent, et des réserves entières sont aujourd’hui contaminées ou polluées pour cause d’une mauvaise gestion : « une fois que les eaux souterraines sont contaminées, elles le restent pour très longtemps. Il faut donc prévenir cette pollution des eaux en protégeant les endroits où l’eau de pluie s’infiltre et remplit les nappes phréatiques » indique l’auteur du rapport. En effet, l’agriculture et ses produits chimiques sont les causes principales de ces pollutions et exposent 40% des nappes d’eau européennes à des risques de pollution. La contamination des eaux par les pesticides coûterait près de 2 milliards de dollars par an aux États-Unis et le taux d’épuisement des extractions est estimé à 20% en moyenne. Ces facteurs qui incitent à protéger les lieux de recharge, exploiter l’eau durablement et entraînent l’ONU à alerter les États membres afin qu’ils « deviennent les gardiens des eaux souterraines et développent des plans de bonne gestion de cette ressource indispensable ».

Baptiste Gaborit 

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