Maria Primachenko, peintre ukrainienne devenue symbole de paix

Maria Primachenko est l'une des grandes figures du patrimoine culturel ukrainien
Maria Primachenko est l'une des grandes figures du patrimoine culturel ukrainien
Maria Primachenko, peintre ukrainienne devenue symbole de paix
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Maria Primachenko, peintre ukrainienne devenue symbole de paix

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Maria Primachenko est l'une des grandes figures du patrimoine culturel ukrainien. Certaines de ses toiles se trouvaient à Ivankiv, dans un musée en partie détruit par des frappes russes.

Paysanne ukrainienne, peintre autodidacte, figure de l’art naïf, Maria Primachenko a fasciné Picasso avec ses tableaux colorés et fantasmagoriques.  

Une partie de ses toiles se trouvaient dans un musée détruit par les frappes russes en Ukraine. Elle est devenue un symbole de paix et de l’identité ukrainienne.  

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Maria Primachenko naît en 1909, dans un petit village, non loin de Tchernobyl. Enfant, elle est atteinte de poliomyélite, ce qui la condamne à une santé fragile.

Iryna Slavinska, journaliste ukrainienne : "Quand elle était petite, en se promenant au bord de la rivière, elle a trouvé de l'argile bleue. Cette couleur lui a tellement plu qu’elle a décidé de l’utiliser pour décorer sa maison. Ses voisins ont admiré la beauté de ses décorations."

L’adolescente commence à décorer des maisons de son village en reprenant les motifs traditionnels de la Pyssanka : les œufs de Pâques décorés.

Maria Primachenko peint à la gouache ou à l’aquarelle des scènes bucoliques et des éléments emblématiques du folklore ukrainien comme les cosaques par exemple. Elle dessine des animaux exotiques, avec des couleurs fantaisistes et des traits parfois anthropomorphisés, et des motifs floraux élaborés.

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Iryna Slavinska : "Les couleurs changent, elles sont plutôt pâles au début parce qu'il y a peu de couleurs disponibles dans les magasins de son village. Ensuite, avec l’industrie chimique qui se développe, on voit apparaître des couleurs plus claires. L'orange devient plus orange. Le rose et le jaune très vif apparaissent sur ses toiles.

La jeune peintre acquiert rapidement une certaine renommée locale. Repérée par des artiste d’avant-garde, elle est invitée à Kiev et certains de ses tableaux sont exposés à Paris. Elle qui ne quitte jamais son village raconte que son inspiration lui vient de ses rêves.

Ses œuvres évoquent le surréalisme et Picasso reste admiratif devant l’un de ses tableaux.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Maria Primachenko cesse son activité artistique. Son mari est tué sur le front et elle ne saura jamais où il a été enterré. On peut retrouver dans sa peinture le souvenir de ce deuil, au travers du motif d'une tombe introuvable. Après la guerre, la République socialiste soviétique d'Ukraine la reconnaît comme "artiste populaire".  

Mais, bien qu’elle soit officiellement reconnue, ses peintures ne rentrent pas dans le moule de l’art officiel promu par le régime soviétique.

Iryna Slavinska : "L'empire soviétique comme russe ne gardait pas de place au panthéon des “vrais artistes” pour les artistes ukrainiens. La politique envers ces derniers consistait à établir la liste des artistes populaires au lieu de leur donner les moyens d’étudier dans les académies."

En 1986, après la catastrophe de Tchernobyl, Maria Primachenko entame une série de tableaux en hommage à la nature bouleversée par le désastre. Ces tableaux ne seront jamais montrés en URSS.

Jusqu’à sa mort en 1997 à 88 ans, elle utilise une imagerie pacifique universelle, comme la colombe et nomme un de ses tableaux “Maudite soit la guerre”.

Son univers “pop” et enfantin a séduit aussi le merchandising et certaines marques. Une designer finlandaise a même plagié l’un de ses motifs.

Après l’invasion de l’Ukraine décidée par Vladimir Poutine le 24 février 2022, le musée d’Ivankiv qui abritait 25 de ses toiles a été détruit par des frappes russes. Mais une partie d'entre elles a pu être sauvée par des riverains du musée.
Suite à cette destruction, des artistes californiens ont décidé de reproduire une toile de Maria Primachenko à San Francisco.

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